L’économiste Nouriel Roubini a tenu des propos incendiaires sur la cryptomonnaie que tout le monde s’arrache : le Bitcoin. Selon lui, le bitcoin est inutile. ‘La spéculation autour de la cryptomonnaie rappelle l’engouement connu pour les tulipes au 17e siècle, mais au moins les tulipes sont utiles’.
Le professeur d’économie Nouriel Roubini (Université de New York) n’est pas n’importe qui. Il est devenu célèbre dans le monde entier pour avoir prédit la crise financière qui a éclaté entre 2008 et 2009. Ses prédictions parfois sombres lui ont valu le surnom de ‘Dr. Doom’. Dans une interview accordée à Bloomberg TV, Nouriel Roubin livre sa vision sur le Bitcoin. Une vision plutôt terre-à-terre qui en refroidira plus d’un. Voici un aperçu de ses déclarations.
La hausse du prix du Bitcoin est fortement manipulée
Nouriel Roubini qualifie la hausse spectaculaire du Bitcoin – qui est passé de 5.000 dollars à plus de 50.000 dollars en moins d’un an – de ‘bulle spéculative auto-alimentée pour faire monter les prix’. Cela lui rappelle la tulipomanie du 17e siècle, bien que, selon certains historiens, l’engouement autour des tulipes soit un mythe. Quoi qu’il en soit, selon M. Roubini, au moins, les tulipes sont encore préférables, puisque les gens aiment les fleurs. Le Bitcoin, lui, n’a aucune utilité’.
L’escalade que le prix du Bitcoin a connue n’est pas hasardeuse, selon le professeur. Plusieurs indicateurs financiers suggèrent que des parties prenantes ‘gonflent artificiellement le prix et concluent des accords entre elles’, dit-il. Il y a une manipulation des prix.
Le Bitcoin n’est pas une classe d’actifs
Selon M. Roubini, il ne faut pas considérer le Bitcoin comme une nouvelle classe d’actifs, ce que sont les actions, les obligations, l’immobilier ou l’or. ‘Une classe d’actifs offre une certaine forme de revenu potentiel : le dividende dans le cas des actions, les intérêts dans le cas des obligations ou la valeur d’usage dans le cas des biens immobiliers. Même l’or est utilisé dans l’industrie et comme matière première pour la bijouterie. Le Bitcoin, lui, n’offre aucune forme de revenu’.
Le Bitcoin n’est pas une monnaie
‘La cryptomonnaie la plus populaire au monde n’a pas non plus d’avenir en tant que moyen de paiement’, affirme M. Roubini. ‘Pour cela, le système sous-jacent de vérification décentralisée des transactions est non seulement inefficace, mais consomme aussi de d’énergie. Le Bitcoin n’est donc pas évolutif’, conclut le professeur.
Nouriel Roubini émet le même avis sur les autres cryptomonnaies ou toute autre forme de ‘troc’. ‘Les Pierrafeux, avec leurs coquillages, avaient un meilleur système monétaire que le Bitcoin. Chaque fois qu’un Bitcoin est utilisé, on peut s’interroger sur on utilité?’, ajoute-t-il.
La valeur réelle du Bitcoin est inférieure à zéro
Selon Nouriel Roubini, la valeur intrinsèque du Bitcoin est au mieux nulle, voire négative, donc inférieure à zéro. ‘Si vous prenez en compte les coûts énergétiques du réseau et que vous prélevez une taxe sur le carbone, la valeur réelle du bitcoin est inférieure à zéro’.
‘Le Bitcoin n’est pas du tout décentralisé‘
Les partisans du Bitcoin n’ont d’yeux que pour cette cyptomoannie décentralisée, qui est selon eux bien meilleure en comparaison aux monnaies traditionnelles gérées par les banques centrales. ‘Mais cette image douce et utopique ne correspond pas à la réalité’, estime Roubini.
Selon lui, le Bitcoin n’est pas du tout décentralisé. Le commerce est dominé par une poignée de grandes plateformes. Et 70 % de l’exploitation minière se fait dans des entreprises oligopolistiques de trois pays qui ne sont pas des États de droit : la Russie, la Biélorussie et la Chine. ‘Même la richesse n’est pas décentralisée : la plupart des bitcoin sont détenus par un nombre limité de parties’, conclut-il.