Alors que les États-Unis viennent d’enregistrer un nouveau record de 40.000 nouveaux cas en l’espace de 24 heures, ces données laissent-elles présager l’arrivée d’une seconde vague? Les chiffres sont à nuancer.
Ce vendredi après-midi, la BBC déclarait que les États-Unis avaient enregistré un nouveau record mondial, avec 40.000 nouvelles contaminations en 24 heures (contre 36.400 contaminations quotidiennes le 24 avril). Des États comme la Floride n’auraient pas connu un taux d’infection si élevé depuis le mois d’avril.
Une hausse de nouveaux cas et d’hospitalisations a également été observée au Texas et en Arizona. Greg Abott, le gouverneur républicain du Texas, a d’ailleurs fait le choix de maintenir les frontières de son État fermées. Doug Duvey, le gouverneur de l’Arizona, désormais qualifié de nouvel épicentre de l’épidémie, a quant à lui décidé de prolonger les mesures sanitaires alors qu’il était prévu d’autoriser les entreprises à rouvrir leurs portes. D’autres États, dont l’Alabama, la Californie, l’Idaho, le Mississippi, le Missouri, le Nevada, l’Oklahoma, la Caroline du Sud et le Wyoming, ont également du faire face à une augmentation de leurs cas recensés cette semaine.
Peut-on en déduire, au regard de ces données, que les États-Unis doivent se préparer à une seconde vague de contaminations? Ces chiffres, communiqués en valeurs absolues, sont à interpréter avec prudence, car il importe de les recontextualiser avant de tirer des conclusions hâtives.
Adapter les chiffres au cas par cas…
Ce plafond est d’abord à ‘relativiser’ quand on sait que la population des États-Unis compte 330 millions. Rapporté au nombre d’habitants, le Brésil est par exemple dans une situation encore plus défavorable. Doit également être pris en compte le nombre de cas qui, bien qu’il ait connu une baisse entre mi avril et début juin, est resté très élevé.
Les résultats s’interprètent également différemment d’un État à l’autre, alors que les statistiques ne sont réalisées qu’à grande échelle. On remarque que dans un second graphe détaillé par l’université de John Hopkins, les États les plus touchés au départ, à savoir New York, le New Jersey, le Connecticut et le Massachusetts sont désormais parvenus à contenir l’épidémie. À l’inverse, les zones autrefois plus épargnées, comme l’Arizonea, le Texas, la Caroline du Sud ou encore, le Mississippi et la Californie, enregistrent aujourd’hui des chiffres plus importants qu’auparavant.
… et les nuancer
De nombreux nouveaux cas ont été recensés aux États-Unis, mais cette hausse est en grande partie liée à la capacité de dépistage qui s’est fortement améliorée sur le territoire américain. Néanmoins, les chiffres ne refléteraient pas l’étendue exacte de la pandémie aux États-Unis. Ce vendredi, le Centre de Prévison des maladies américain (CDC) a déclaré que le nombre de cas réels de coronavirus était certainement huit à dix fois plus élevé que celui constaté par les dépistages.
Il apparaît donc que le nombre de contaminations n’est pas l’indicateur idéal pour tenir compte de la situation actuelle aux États-Unis. Dans un sens ou dans l’autre.
Plus représentatif, le nombre de décès lui est toujours en baisse. Les hospitalisations n’ont, elles, pas grimpé en flèche, bien que certains États aient enregistré une hausse au cours de ces dernières semaines. Même si là encore, il faut prendre des pincettes. Le Dr Craig Spencer rappelle qu’un certain laps de temps est toujours nécessaire avant qu’une personne contaminée, si celle-ci est un sujet dit ‘à risque’, ne décède. Le taux de mortalité chez les jeunes étant nettement moins élevés que chez les personnes plus âgées, cela pourrait également expliquer le décalage entre les nouveaux cas recensés et le nombre de décès enregistrés. On n’est pas à l’abri d’un nouveau pic des décès comme on a pu le constater ce 26 juin.
Les États-Unis devront-ils donc affronter une seconde vague d’épidémie ? Il est en tous les cas trop tôt, à l’heure actuelle, pour se prononcer, d’autant plus que la notion reste vague, n’ayant pas fait l’objet d’une définition au sens strict par l’OMS.
Le nombre de cas a certes atteint un nouveau plafond, mais c’est le fruit d’un dépistage massif, les nouvelles contaminations ont toujours été très élevées et se répartissent différemment sur le territoire.