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À quelques jours du prochain test du Starship, le nombre de blessés chez les employés de SpaceX pose question

À quelques jours du prochain test du Starship, le nombre de blessés chez les employés de SpaceX pose question
(Getty Images)

Le prochain essai du Starship de SpaceX est prévu pour vendredi prochain, si toutefois les autorisations suivent. Mais une enquête de Reuters pointe qu’il y a eu plus de 600 blessés chez les employés de la firme depuis 2014.

Prochain test ce mois-ci

Pourquoi est-ce important ?

L'essai en vol du Starship, épisode 2 : le retour. Le prochain lancement pourrait avoir lieu dès ce vendredi 17 novembre. Du moins sous réserve de l'approbation réglementaire de la Federal Aviation Administration et de quelques autres agences fédérales américaines. Le premier essai avait, il est vrai, marqué les esprits, y compris pour ses rejets de débris et de poussière dans l'environnement.

Sauf que selon une enquête menée par Reuters, il n’y a pas que les conséquences des lancements sur l’environnement, qui posent question. Le nombre d’accidents graves parmi les employés, avec de lourdes séquelles physiques à la clef, a de quoi inquiéter.

  • En 2014, un employé de SpaceX a perdu la vie sur le site de l’entreprise à McGregor, au Texas. Il faisait partie d’une équipe devant transporter de la mousse isolante, mais qui n’avait pas de sangles pour sécuriser la cargaison dans le camion. Une rafale de vent a suffi pour faire tomber la charge, ainsi qu’un des employés.
  • Suite à cette affaire, des inspecteurs fédéraux de l’Administration américaine de la sécurité et de la santé au travail ont déterminé que SpaceX était responsable. La firme s’est vue imposer sept améliorations de sécurité spécifiques.

Près de 600 blessés chez les employés

Sauf que depuis 2014, ce sont au moins 600 blessures qui ont été répertoriées par Reuters parmi le personnel de SpaceX. Et dans de nombreux cas, ces blessés chez les employés en subiront des séquelles à vie. Reuters a pu examiner chaque dossier au cas par cas : ce que le média a découvert fait froid dans le dos.

  • Plus de 100 travailleurs souffrant de coupures ou de lacérations.
  • 29 cas d’os brisés ou des luxations.
  • 17 employés dont les mains ou les doigts ont été « écrasés. »
  • 9 cas de blessures à la tête, y compris une fracture du crâne, quatre commotions cérébrales et une lésion cérébrale traumatique.
  • 170 dossiers de foulures et entorses.

Les cas graves comprenaient également cinq brûlures, cinq électrocutions, huit accidents ayant conduit à des amputations, 12 blessures impliquant plusieurs parties du corps non spécifiées, et sept travailleurs avec des blessures aux yeux, détaille Reuters. Suivent aussi plusieurs centaines de dossiers pour des « blessures mineures ».

Une hâte toute messianique

Un véritable carnage qui s’expliquerait par le peu de cas qu’on fait des procédures de sécurité, chez SpaceX. Le surmenage et l’insuffisance des formations ont également été pointés du doigt par d’anciens employés. En outre, Musk imposerait régulièrement des cadences infernales pour parvenir à des échéances qu’il a lui-même fixées. Avec une hâte toute messianique.

« Le concept d’Elon selon lequel SpaceX est en mission pour aller sur Mars aussi vite que possible et sauver l’humanité imprègne chaque partie de l’entreprise. L’entreprise justifie la mise de côté de tout ce qui pourrait faire obstacle à la réalisation de cet objectif, y compris la sécurité des travailleurs. »

Tom Moline, ancien ingénieur senior en avionique de SpaceX, licencié pour avoir mis en avant des défauts de sécurité

Reuters a interrogé plus de trois douzaines de personnes ayant connaissance des pratiques de sécurité au sein de SpaceX, qu’elles travaillent encore ou non au sein de l’entreprise. Toutes, sous couvert de l’anonymat, pointent une véritable culture de la prise de risque, et une responsabilité des accidents largement rejetée sur les employés eux-mêmes.

Les 600 cas étudiés par le média ne sont que la partie émergée d’un iceberg sans doute bien plus gros. L’Administration de la sécurité et de la santé au travail exige des entreprises qu’elles transmettent automatiquement le bilan des blessures de travail chaque année. Une règle qui a été imposée en 2016. Pourtant, SpaceX n’a transmis aucun dossier statistique avant 2021 et 2022. Comme si avait, il ne s’était rien passé.

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