D’après un reportage du magazine Pano de la VRT, le CPAS d’Anderlecht a accordé un revenu d’intégration sociale à des personnes ayant fourni une fausse adresse. La ministre compétente Karine Lalieux (PS) souhaite de nouvelles inspections. Pour la N-VA, cela ne suffit pas.
Principaux renseignements
- À Anderlecht, le CPAS ne vérifie pas suffisamment si les personnes ont droit au revenu d’intégration. Cela mène à des abus systématiques.
- Selon la N-VA, une culture de favoritisme prévaut à Bruxelles. Le parti réclame une réforme en profondeur.
- La ministre Lalieux propose d’envoyer à nouveau l’inspection au CPAS d’Anderlecht, tout en précisant que le fonctionnement des CPAS individuels ne relève pas de sa compétence.
Dans l’actualité : Pano a révélé des dysfonctionnements au CPAS d’Anderlecht lors d’une émission.
- Les réalisateurs ont interviewé des assistants sociaux ayant travaillé pour le CPAS d’Anderlecht. Ils expliquent avoir attribué des revenus d’intégration sociale à des personnes qu’ils n’ont jamais rencontrées, dont certaines ne résident même pas à Anderlecht. En raison de la charge de travail élevée, les dossiers sont traités de manière laxiste.
- Deux membres de l’équipe de Pano ont eux-mêmes fourni une fausse adresse au CPAS pour tester le système. Résidant tous deux en Flandre, ils n’avaient pas droit au revenu d’intégration. Résultat : les vérifications n’étant pas assez approfondies, ils ont reçu des milliers d’euros sur leur compte.
- Des témoins déclarent à VRT NWS que ce problème est systématique : via les réseaux sociaux, certaines personnes proposent une adresse de résidence à Anderlecht ou dans une autre commune bruxelloise, moyennant paiement, pour faciliter une demande frauduleuse de revenu d’intégration auprès du CPAS local. Ces témoignages montrent qu’il est plus facile d’obtenir un revenu d’intégration à Bruxelles qu’en Flandre.
- Un assistant social présenté dans le reportage Pano pointe la responsabilité des politiques locales. Ces derniers composent le comité du CPAS, qui peut décider de manière autonome d’accorder ou non un revenu d’intégration. « Le comité prend presque toujours le parti du bénéficiaire plutôt que celui de l’assistant social », affirme-t-il. Cet assistant s’interroge sur le processus décisionnel : « Pourquoi les élus locaux décident-ils à leur place ? Et pourquoi les assistants sociaux, formés pour cela, sont-ils exclus du processus de décision ? »
« Une culture de clientélisme »
La réaction : Gilles Verstraeten, député bruxellois de la N-VA, dénonce un système gangrené.
- Pour Verstraeten, ses soupçons sont désormais confirmés. « Et cela se produit probablement dans d’autres communes comme Molenbeek ou Bruxelles-ville », déclare-t-il à VRT NWS. « Je vous garantis qu’il y a d’autres cadavres dans le placard ailleurs. Il existe une véritable culture de clientélisme où tout peut être arrangé si vous connaissez quelqu’un. »
- Verstraeten donne un exemple : « Le président actuel du CPAS d’Anderlecht (Lotfi Mostefa, PS) est également président de la Société de Logement Social. Là aussi, on entend beaucoup d’histoires. On pourrait faire une autre enquête Pano à ce sujet. »
- Le député N-VA critique un manque de contrôle gouvernemental : « Le SPP Intégration sociale, qui est une instance fédérale supervisant les CPAS, est dirigé par une PS bruxelloise, Karine Lalieux. On rédige de nombreux rapports d’inspection qui montrent que des choses ne vont pas, mais rien n’est fait. »
- « La chaîne de contrôle entière doit être réformée : au niveau communal, régional et fédéral. Faire confiance, c’est bien, mais contrôler, c’est mieux », conclut Verstraeten. « Le CPAS d’Anderlecht ne sanctionne ni ne contrôle presque rien. Cela continue ainsi pendant des années, et on s’étonne ensuite des dérapages budgétaires, alors que ce système est exploité et manipulé politiquement. »
À suivre : Lalieux promet des mesures.
- La ministre sortante de l’Intégration sociale et de la Lutte contre la pauvreté, Karine Lalieux (PS), est effectivement responsable de la supervision des CPAS. Via le Service public fédéral Intégration sociale, elle a été informée de la situation à Anderlecht, indique un porte-parole. L’inspection a été mobilisée, précise-t-il. « Le CPAS collabore avec l’inspection et le service public pour trouver des solutions. Si des revenus d’intégration ont été indûment versés, ils seront récupérés. »
- Le cabinet de Lalieux tient également à souligner que la ministre est responsable du fonctionnement du Service d’Intégration sociale, mais pas du fonctionnement des CPAS individuels. « Cela relève de la compétence des autorités locales et régionales », conclut-on.