Certains employés de Facebook ont organisé un grève virtuelle du travail en refusant de se connecter. D’autres ont utilisé Twitter pour faire passer un message fort à leur patron. En cause: la gestion par Facebook des messages publiés par Donald Trump.
Un message a plus particulièrement choqué le personnel: l’avertissement du Président américain Donald Trump aux manifestants contre les violences policières sur les personnes racisées. ‘Quand les pillages commencent, les fusillades commencent’. Sur Twitter, un avertissement a tout de suite été apposé sur le message, le condamnant de ‘glorification de la violence’ et son affichage a été limité. D’autres de ses tweets ont aussi été classés comme ‘trompeurs’. Mais sur Facebook, rien n’a été fait.
‘Honte de travailler ici’
Le fondateur de Facebook, Mark Zuckerberg a été contraint de défendre la position de son entreprise. Selon lui, Facebook est ‘une institution vouée à la liberté d’expression’.
Une réponse qui n’a pas satisfait le personnel mécontent. Lorsque le site internet Axios a rapporté vendredi que Zuckerberg avait eu un ‘appel téléphonique productif avec Trump’, ce fut le début de la fin. Plusieurs employés bien placés dans la hiérarchie ont exprimé leur inquiétude concernant l’attitude de leur patron via Twitter, leur principal concurrent.
Lauren Tan, qui a quitté Netflix pour concevoir des logiciels pour Facebook, a déclaré: ‘L’inaction de Facebook pour supprimer le message de Trump qui glorifie la violence me donne honte de travailler ici’.
‘Facebook’s inaction in taking down Trump’s post inciting violence makes me ashamed to work here. I absolutely disagree with it. I enjoy the technical parts of my job and working alongside smart/kind people, but this isn’t right. Silence is complicity.’
Lauren Tan.
Ryan Freitas, qui dirige l’équipe chargée de la conception du fil d’actualité, attaque directement Zuckerberg: ‘Mark a tort et je vais tous mettre en oeuvre pour le faire changer d’avis’.
Responsabilité de Zuckerberg
Cette mutinerie digitale a forcé Zuckerberg à répondre. Dans un premier message, il justifie sa décision. Dans un second, il annonce un don de 10 millions de dollars pour des organisations qui luttent contre les inégalités raciales.
‘Je me rends compte que beaucoup de personnes sont en colère suite au fait que nous ayons laissé intacts les messages du président. Mais notre position est que nous donnons à chaque forme d’expression autant de place que possible, à moins que cette expression puisse causer des torts ou mettre en danger, comme c’est défini dans des politiques claires. […] Je suis totalement en désaccord avec la manière dont le président a parlé, mais je pense que tout le monde devait pouvoir le voir. En fin de compte, nous ne pouvons demander des comptes à des personnalités au pouvoir que si leurs déclarations sont rendues publiques.’
Mark Zuckerberg, sur son profil Facebook
Si en public, le CEO de Facebook ne démord pas, en privé, il semble connaitre un vrai dilemme intérieur. The Verge a eu accès à un audio d’une réunion de Zuckerberg avec plusieurs employés où ils discutaient de cette décision. ‘La façon de gérer ce post du président a été très difficile’ explique-t-il. Il précise que les propos de Trump ne lui ont inspiré que du ‘dégoût’. ‘Ce n’est pas ainsi, je pense, que nous voulons que nos dirigeants se manifestent pendant cette période. C’est un moment qui appelle à l’unité, au calme et à l’empathie pour les personnes en difficulté’, avait déclaré le grand patron dans son poste Facebook.
Ce précédent pourrait toutefois faire changer la politique de Facebook en ce qui concerne l’usage de la force par l’Etat. C’est en tout cas une question qui se discute au sein de l’entreprise.