Moscou l’admet, les sanctions économiques commencent à peser

Le ministre russe des Finances, Anton Siluanov, a déclaré mardi aux journalistes que le plafonnement des prix du pétrole imposé par les principales économies du G7 (Groupe des Sept) réduit les recettes d’exportation russes et risque de faire grimper le déficit budgétaire de Moscou au-delà des 2 % du PIB prévus l’année prochaine.

Pourquoi est-ce important ?

Depuis le début du conflit, l’Union européenne, les États-Unis et leurs alliés ont appliqué plusieurs sanctions économiques à la Russie dans le but de faire cesser cette guerre. Ces sanctions avaient, et ont toujours, pour objectif de toucher à la trésorerie de Poutine et donc de diminuer ses fonds pour attaquer l'Ukraine.

L’actualité : la dernière série de sanctions occidentales contre la Russie en raison de son invasion de l’Ukraine commence à peser sur l’économie du pays.

Le détail : le vice-premier ministre russe Alexandre Novak a déclaré à l’agence de presse RIA que le plafonnement des prix des exportations russes de pétrole brut et de pétrole raffiné pourrait obliger le Kremlin à réduire la production de 5 à 7 % l’année prochaine.

  • Pour appuyer cela, Nicholas Farr, économiste spécialiste de l’Europe émergente chez Capital Economics, rapporte à CNBC, qu’ »Il est encore trop tôt pour évaluer pleinement l’impact du plafonnement des prix du pétrole par le G7 et de l’interdiction par l’UE des importations de brut russe, qui sont entrés en vigueur le 5 décembre, mais les premiers signes suggèrent que l’économie russe commence à en ressentir les effets ».
  • Il ajoute que « les données à haute fréquence montrent que les exportations de pétrole russe ont chuté depuis l’introduction des sanctions et l’écart entre les prix du pétrole brut Brent et ceux du pétrole de l’Oural s’est élargi pour atteindre son plus haut niveau depuis six mois (la semaine dernière NDLR) », ajoute-t-il.
  • M. Farr a suggéré qu’une conséquence clé de l’affaiblissement du rouble sera une pression à la hausse sur l’inflation en raison de l’augmentation des coûts d’importation. Si le rouble continue de chuter en 2023, l’économiste a suggéré que la Banque Centrale de Russie (CBR) pourrait être obligée d’envisager de réintroduire des hausses de taux afin de maintenir l’inflation sous contrôle et Capital Economics pense que l’érosion de la résistance russe aux sanctions occidentales émergera comme un thème clé de 2023.
  • Toutefois, Moscou devrait être en mesure de financer ce manque à gagner grâce à l’émission d’obligations nationales et à son fonds pour les mauvais jours, ont suggéré des responsables.

Contexte : l’économie russe a résisté, mais commence aujourd’hui à céder.

  • L’économie russe a tenu bon la barre, que ce soit au niveau de l’activité industrielle, de la croissance ou de la gestion de la Banque Centrale de Russie.
  • Elle a pu profiter d’un excédent commercial de 198,4 milliards de dollars pour les trois premiers trimestres de 2022. C’est 120 milliards de plus que sur la même période en 2021.
  • L’embargo sur le pétrole commence à se faire ressentir. L’UE représentant 25% de la demande en pétrole russe. Les sanctions de cette dernière sur le pétrole russe commencent à avoir de l’impact.
  • Le rouble russe a chuté de près de 10 % par rapport au dollar la semaine dernière, ce qui en fait de loin la devise la moins performante des pays émergents après avoir défié les attentes pendant une grande partie de l’année.
  • La CBR a mis fin à sa série de baisses des taux d’intérêt en octobre et, après avoir maintenu sa politique monétaire inchangée en décembre, a averti que les risques inflationnistes « prévalent » sur les risques désinflationnistes.
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