Mieux vaut prévenir que guérir: limiter le réchauffement climatique à 2 degrés coûtera moins cher que d’apporter des solutions en cas de dépassement

Respecter l’Accord de Paris et limiter le réchauffement climatique à 2 degrés d’ici la fin du siècle est-il la meilleure solution ? Ne pouvons-nous pas simplement attendre qu’une technologie soit mise au point pour corriger nos erreurs et capter le dioxyde de carbone que nous rejetons dans l’air ? Une solution de facilité qui pourrait nous coûter plus cher, in fine.

Malgré les preuves évidentes du réchauffement climatique, certains n’hésitent pas à nier son existence. Les efforts nécessaires pour limiter le phénomène, mais surtout les coûts que cela entraine pèsent énormément dans la balance. C’est pourquoi certains préfèrent parier sur d’autres solutions, notamment le développement de technologies capables d’aspirer le dioxyde de carbone rejeté dans l’air par l’Homme, plutôt que de faire des efforts préventifs. Un pari particulièrement risqué, et ce, pour plusieurs raisons et qui pourrait surtout s’avérer beaucoup plus coûteux au final.

« Parier sur la possibilité de faire baisser les températures après un dépassement plus important est très risqué en raison de la faisabilité technologique incertaine et en raison de la possibilité de déclencher des processus irréversibles dans le système terrestre avec même un dépassement de température temporaire », a indiqué Christoph Bertram, de l’Institut de Potsdam pour la recherche sur l’impact climatique en Allemagne, à Ars Technica. De plus, « une telle approche serait injuste pour les générations futures, car elle déplacerait essentiellement une plus grande partie du fardeau de l’atténuation sur elles. »

Respecter l’Accord de Paris reste un défi de taille, mais selon une récente étude, fruit d’une collaboration internationale d’une vingtaine de groupes de modélisations climatique, il s’agit de la meilleure solution qui s’offre à nous à l’heure actuelle, notamment en termes d’économie. Tenter de réparer les dégâts une fois qu’ils seront davantage présents est beaucoup trop risqué.

Bénéfique sur le long terme

Les chercheurs ont étudié neuf scénarios dans lesquels différents efforts dans des secteurs clés étaient mis en place pour réduire les émissions de carbone, afin de respecter l’Accord de Paris. Sur base de ces modèles, ils se sont également demandé « comment les émissions de carbone, les températures et le PIB mondial se compareront-ils » dans le cas où les températures dépassent les objectifs de Paris, même temporairement, ou non.

Les résultats de cette étude comparative sont clairs : minimiser le dépassement de température nécessitera des investissements colossaux à court terme, au cours des 10 prochaines années, mais les différents scénarios étudiés indiquent que le PIB mondial sera plus élevé (jusqu’à 2% supplémentaire) d’ici la fin du siècle.

Autrement dit, les investissements à court terme, aussi importants soient-ils, seront bénéfiques sur le long terme, car ces efforts seront probablement compensés par une croissance du PIB mondial dans la seconde moitié du siècle.

Mais pour y arriver sans dépasser l’objectif de +2 degrés, il faudrait atteindre le zéro émission nette d’ici 2045-2065. Et pour cela, une très forte réduction de l’utilisation des combustibles fossiles est primordiale. Éliminer le carbone de l’air est également essentiel.

Autoriser les dépassements, une bonne idée?

Atteindre les objectifs de l’Accord de Paris d’ici 2100 tout en autorisant des dépassements pourrait également avoir des avantages à long terme pour le PIB mondial, mais ils ne seraient pas aussi élevés qu’avec un maintien d’un réchauffement inférieur à 2 degrés. De plus, cela repousserait le zéro émission nette à 2060-2070, entrainant potentiellement des dommages irréversibles pour la Terre.

Malheureusement, pour l’heure, les promesses d’émission mondiales sont encore loin d’être niveaux idéaux pour atteindre l’un ou l’autre scénario. Les émissions de carbone sont encore de deux à plusieurs plus élevées que ce qu’il faudrait pour respecter l’Accord de Paris. Pour contrer cela, plus d’actions et d’investissement devraient être mis en place, et ce, de manière immédiate.

Évidemment, les résultats de l’étude ne sont que des modèles basés sur des projections, la réalité vers laquelle nous nous dirigeons pourrait être tout autre, mais la trajectoire générale sur laquelle nous nous trouvons ne semble pas de bon augure pour le climat, et donc, pour l’humanité.

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