Face aux sécheresses à répétition, de plus en plus de pays se tournent vers la technologie pour obtenir un peu de pluie

Ensemencer les nuages pour provoquer la pluie : ça n’est plus de la science-fiction, ni même un luxe pour pays riches. Au Mexique, c’est même devenu la grande idée du gouvernement pour lutter contre une sécheresse qui a déjà tué plusieurs centaines de personnes. Mais c’est mettre beaucoup d’espoirs dans une technologie encore bien peu éprouvée.

Pourquoi est-ce important ?

On ne s'en rend pas toujours compte avec une perspective belge, mais de larges parties du monde sont confrontées à des sécheresses sans précédent. C'est le cas dans tout le sud de l'Europe, avec une Espagne qui craint pour ses oliviers et ses cultures maraichères, mais aussi en Thaïlande, où le manque d'eau vient de contraindre le gouvernement à limiter la surface rizicole cette année. Dans ce contexte, l'ingénierie climatique apparait de plus en plus comme une solution.

Dans l’actualité : ce sont plutôt la Chine et les États du golfe qui nous avaient habitués à ce genre de manipulation de la météo. Mais c’est maintenant le Mexique, contraint par la sécheresse, qui opte pour des technologies controversées destinées à faire pleuvoir.

Bombarder les nuages

La technologie : l’ensemencement des nuages consiste à « bombarder » une couverture nuageuse de différentes substances susceptibles de provoquer la pluie. On utilise par exemple des cristaux d’iodure d’argent sur lesquels se condensent les gouttelettes d’eau, et dont le poids accumulé finit en précipitations soudaines.

  • La méthode reste toutefois controversée, et n’a rien d’une panacée. Il faut en premier lieu des nuages sur la zone visée pour espérer obtenir un effet. Or, en cas de sécheresse, c’est souvent une matière première qui se fait rare.
  • En outre, il est difficile d’étudier l’effet réel de l’ensemencement : on ne peut jamais être certain que c’est grâce à cette méthode qu’il a effectivement plu. En outre, la non-toxicité des produits utilisés ne fait pas encore l’unanimité dans le monde scientifique.
  • Il y a aussi le risque de jouer à l’apprenti sorcier : en 2021, Dubaï a testé l’ensemencement par impulsion électrique via des drones, une méthode jugée moins polluante puisqu’elle ne relâche pas de particules dans les nuages. Et ça a marché, jusqu’à provoquer des inondations dans plusieurs localités de ce pays parmi les plus secs au monde.

Pas qu’un gadget pour pays riches

Cette technologie n’a rien de neuf : elle est expérimentée depuis les années 1940 au moins. Mais le changement climatique et les sécheresses à répétition dans les régions agricoles vont probablement démocratiser son usage, qui devient déjà courant aux USA, et en particulier en Chine. Dans des pays en développement et en première ligne face aux perturbations climatiques, comme le Mexique, c’est même une source d’espoir.

  • Depuis le mois dernier, le pays d’Amérique centrale a lancé la dernière phase d’un vaste projet d’ensemencement des nuages qui vise à stimuler les précipitations sur 62 municipalités regroupées dans le nord et le nord-est du pays, détaille CNN.
  • Ce n’est pas une première dans ce pays, mais cela marque un mouvement de fond : faire pleuvoir n’est plus ni vu comme une expérience curieuse, ni comme un luxe pour les pays riches. Pour certaines contrées, c’est même vu comme une solution à moyen terme, alors que 40% du territoire mexicain était frappé par la sécheresse le mois dernier et que 249 personnes au moins en sont mortes sur ces quatre derniers mois.
  • Une technologie dont on ne maitrise pas encore toutes les subtilités peut-elle servir de solution miracle ? C’est sans doute exagéré, car elle ne suffira jamais à transformer des déserts en terres florissantes, mais ses partisans estiment que c’est là au moins une partie de la solution. Le gouvernement mexicain estime qu’il a pu ainsi stimuler de 40% le taux de précipitation sur le pays. Des chiffres que ne confirment pas les scientifiques. Mais des expériences sont en cours, aux États-Unis entre autres, pour jouer avec un coup d’avance : faire neiger davantage sur les montagnes en hiver pour stimuler les crues au printemps.
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