« Les mauvaises nouvelles ne sont plus de bonnes nouvelles » : le vent tourne à Wall Street, les investisseurs laissent la Fed et les taux dans le rétroviseur

Changement de paradigme en cours à la bourse américaine : les mauvaises nouvelles pour l’économie commencent à faire peur aux investisseurs. Ils changent leurs positions en fonction du (potentiel) ralentissement de l’économie.

Pourquoi est-ce important ?

Il y a peu, les mauvaises nouvelles pour l'économie étaient encore interprétées comme de bonnes nouvelles pour les marchés. Elles signalaient que la Fed devrait arrêter d'élever les taux d'intérêt, selon les marchés. Cette idée est en train de changer, mais elle doit encore passer un important test avant de vraiment disparaître.

La définition : « bad news is good news ».

  • « Les mauvaises nouvelles sont de bonnes nouvelles » : en 2022, cela était le leitmotiv de Wall Street.
  • L’idée : de mauvaises nouvelles pour l’économie, comme un marché du travail qui se refroidit ou une croissance qui ralentit, sont de bonnes nouvelles pour le marché. Ces données confirment qu’un ralentissement est en cours et forcerait la Fed à ralentir ou à arrêter les hausses des taux (voire à les réduire), selon les marchés.
    • Ce leitmotiv marche aussi à l’envers : de bonnes nouvelles (pour l’économie) ont été de mauvaises nouvelles (pour le marché), car elles donnaient une marge de manœuvre à la Fed pour augmenter les taux.
  • En début de l’année 2023, cette idée a commencé à changer : les mauvaises nouvelles pour l’économie ont commencé à être interprétées comme des mauvaises nouvelles tout court, face au risque de récession majeure.

Les faits : changement de paradigme et de stratégies d’investissement en cours.

  • Wall Street (re)commence à interpréter les nouvelles comme ce qu’elles sont : bonnes-bonnes, mauvaises-mauvaises. Et plus à travers ce qu’elles pourraient dire sur la politique monétaire. C’est ce qu’analyse CNN Business.
    • En cause : la crise bancaire et la dernière réunion de la Fed. L’institution monétaire a indiqué, entre les lignes, qu’elle serait proche de la fin de la hausse des taux. Les analystes s’attendent ainsi à une dernière hausse de 25 points de base, en mai.
  • Ainsi, les mauvaises nouvelles pour l’économie font maintenant peur à Wall Street. La semaine dernière, trois rapports différents ont montré que le marché du travail refroidit. S’il refroidit trop et que le chômage se met à augmenter fortement, l’économie pourrait basculer dans une profonde récession ou hard landing.
    • Conséquence : de nombreux investisseurs se sont débarrassés de leurs actions de la tech, plus risquées, et qui ont déjà engrangé de nombreux bénéfices en 2023, pour des actions plus défensives, comme la santé ou les biens de consommation.

Le stress-test : l’inflation américaine.

  • Le chiffre de l’inflation pour le mois de mars tombera ce mercredi en début d’après-midi (heure belge). Les analystes s’attendent à un taux de 5,2%, après 6% en février. Ce serait dans ce cas-ci une bonne nouvelle pour les marchés, quoi qu’il arrive.
  • Mais le risque est dans la surinterprétation. Si l’inflation ne baisse pas autant que prévu, on verra si les marchés retomberont dans leurs travers en accusant le coup, ou s’ils n’en tiendront pas compte, la politique de la Fed n’étant plus le point-clé.
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