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Les épargnants belges ne sont pas gâtés : voici « l’énorme diminution des revenus d’intérêt » qu’ils subissent depuis 2008

Les épargnants belges ne sont pas gâtés : voici « l’énorme diminution des revenus d’intérêt » qu’ils subissent depuis 2008
Getty Images

Depuis 2008, le taux d’intérêt que recevaient les clients sur l’argent déposé à la banque n’a cessé de baisser (surtout en Belgique), jusqu’à devenir quasi nul. Depuis près d’un an, la tendance a cependant été inversée : la BCE a augmenté ses taux. Mais les taux d’épargne des banques belges ne suivent pas, et les épargnants restent sur le carreau.

Dans l’actu : un rapport d’Eric Dor, professeur d’économie de l’IESEG, School of Management de l’Université catholique de Lille.

  • « À partir de la grande crise financière de 2008, la BCE a orienté les taux d’intérêt sur une tendance baissière. Cette érosion des taux a fortement réduit les revenus d’intérêt des épargnants de la zone euro, et particulièrement en Belgique », écrit l’économiste dans une note, consultée par Business AM.

Les chiffres : un manque à gagner de près de 90 milliards d’euros.

  • En 2008, les épargnants belges gagnaient 10,695 milliards avec leur épargne. En 2021, ce n’était plus que 1,744 milliard d’euros. Légère remontée en 2022, avec 2,101 milliards d’euros.
    • Les revenus des épargnants belges ont ainsi baissé de plus de 80%, et ne représentent plus que 16,31% (2021) et 19,61% (2022) de ce qu’ils étaient en 2008.
  • Un manque à gagner énorme : « Par rapport à ce que ces revenus d’intérêt auraient été s’ils étaient restés à leur montant de 2008, leur perte cumulée de 2009 à 2022 est de 87,543 milliards d’euros », calcule Dor.

Zoom arrière : si on compare à l’inflation, la perte est encore plus importante.

  • En 2021, les épargnants ne pouvaient plus qu’acheter 13,55% de ce qu’ils pouvaient acheter avec le revenu de leur épargne en 2008. En 2022, ce chiffre est remonté à 15,03%.
  • Le manque à gagner devient encore plus important, par rapport au pouvoir d’achat : sur la période de 2009 à 2022, il représente 91,471 milliards d’euros. Ou en d’autres mots, « ce qu’on pouvait acheter en 2008, aux prix de l’époque », avec cette somme.

Aujourd’hui, les taux d’intérêt augmentent à nouveau

L’essentiel : les taux d’intérêt belges ne suivent pas ceux de Francfort.

« Alors que la BCE a déjà augmenté ses taux directeurs de 3,5% en plusieurs décisions successives sur quelques mois, la hausse des taux offerts par les banques belges sur les dépôts d’épargne de leurs clients est restée très réduite. »

Eric Dor
  • En effet, le taux de dépôt de la BCE est actuellement de 3%. En juillet de l’année dernière, il était encore de -0,5%. Cela faisait 10 ans qu’il était en territoire nul ou négatif.
  • Avec la récente hausse, on pourrait s’attendre à ce que les taux des banques belges augmentent aussi, mais ce n’est pas le cas. En février 2023, le taux d’épargne moyen se limitait à 0,35%. Depuis l’été dernier, il n’aura augmenté que de 27 points de base, soit beaucoup moins que la hausse observée auprès de la Banque centrale : 300 points de base sur la même période, entre juillet et février (il a augmenté de 50 points à nouveau, en mars). « La différence est d’une ampleur inédite », souligne Dor.
  • Elle risque surtout de continuer à se creuser. La BCE se réunit la semaine prochaine et devrait décréter une nouvelle hausse des taux. Les analystes s’attendent à ce que le taux final soit de 3,75%.
  • La différence permet aussi aux banques de s’enrichir, sur le dos des épargnants. Si les taux d’épargne n’augmentent pas assez et pas rapidement, les épargnants pourraient retirer leurs avoirs pour les placer ailleurs, avertissait récemment le gouverneur de la Banque Nationale de Belgique, Pierre Wunsch.
  • Les banques lancent néanmoins de nouvelles formules d’épargne, avec des taux plus élevés. Cela pour éviter de devoir trop augmenter les taux sur les comptes déjà existants et qui abritent quelque 300 milliards d’euros.
  • La banque qui paie aujourd’hui le taux d’épargne le plus élevé en Belgique est la Santander Consumer Bank, avec 2%. Le compte d’épargne de l’État, qui rapporte légèrement plus, verra son taux baisser dès le mois prochain.
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