Lufthansa et le gouvernement allemand parviennent à un accord pour aider le groupe aérien

Un « accord de principe » a été conclu lundi entre le groupe allemand Lufthansa, maison-mère de Brussels Airlines, et le gouvernement allemand sur un paquet de mesures de soutien de 9 milliards d’euros pour éviter la faillite du géant du transport aérien, a indiqué lundi une source proche du dossier aux agences de presse DPA et AFP.

L’accord, qui prévoit que l’État devienne le premier actionnaire du groupe et garantisse un prêt géant, doit encore être formellement validé par le fonds de stabilité économique du gouvernement fédéral, le directoire et le conseil de surveillance de Lufthansa ainsi qu’une assemblée générale extraordinaire des actionnaires, a précisé cette source, confirmant des informations de presse. Il devra également recevoir le feu vert de la Commission européenne.

Lufthansa fait face à d’importantes difficultés financières à la suite de la crise du coronavirus et de la mise à l’arrêt de presque tout le secteur aérien. Actuellement, près de 700 des 760 avions du groupe sont en effet cloués au sol et, en avril, celui-ci a transporté quelque 3.000 passagers contre 350.000 avant la crise. Au premier trimestre, la perte d’exploitation s’élevait à 1,2 milliard d’euros et devrait être encore pire sur les trois mois suivants.

Le groupe et l’État allemand négociaient depuis des semaines pour obtenir un soutien public. Il était question d’un paquet d’aides de 9 milliards d’euros pour sauver le groupe et ses différentes filiales (Lufthansa Cargo, Austrian, Brussels Airlines, Eurowings et Swiss).

La semaine passée, Lufthansa avait confirmé discuter avec Berlin d’un sauvetage qui amènerait le fonds de stabilité économique du gouvernement fédéral (WSF), créé pour amortir les répercussions de la pandémie de coronavirus, à acquérir 20% du capital, ainsi que des obligations convertibles en actions valant « 5% supplémentaires plus une action ».

La convertibilité pourrait être exercée « en cas d’offre publique d’achat par un tiers », ce qui donnerait de fait au gouvernement une minorité de blocage pour la faire échouer, avait expliqué le groupe.

Prêt de 3 milliards

S’y ajoute un prêt de 3 milliards d’euros. l’État obtiendrait également deux sièges au conseil de surveillance de Lufthansa, qui serait interdit de verser des dividendes à ses actionnaires. Pour l’exercice 2019, l’entreprise avait déjà suspendu la rémunération de ses actionnaires pour préserver sa solvabilité.

Avec 4 milliards d’euros de liquidités début mai et une hémorragie d’un million d’euros par heure selon son patron Carsten Spohr, le temps presse pour renflouer les caisses du transporteur, qui s’attend à un « redémarrage notable au plus tôt au printemps » et a lancé une restructuration visant à réduite la flotte de 100 avions, menaçant environ 10.000 emplois.

Les filiales du groupe ont également demandé des aides dans les pays où elles sont basées. Les négociations se poursuivent avec Vienne pour Austrian, qui a demandé 767 millions d’euros à l’Autriche, tandis que Berne va garantir de son côté 1,2 milliard d’euros de prêts aux filiales Swiss et Edelweiss.

Pour Brussels Airlines, un tel accord semblait en effet nécessaire pour poursuivre les négociations autour du plan de restructuration présenté il y a 15 jours et prévoyant la suppression de jusqu’à 1.000 emplois et la réduction de la flotte de la compagnie de 30%.

Les discussions entre le gouvernement belge et Lufthansa semblaient également patiner ces dernières semaines en raison de l’absence d’un tel accord en Allemagne.

« Il faudra voir le contenu de cet acccord et les conditions qui y ont été fixées pour les filiales », réagit Didier Lebbe, secrétaire permanent CNE et impliqué, à ce titre, dans les négociations en cours entre syndicats et direction de Brussels Airlines. « C’est en tous les cas une bonne chose pour le gouvernement belge si l’État allemand entre au capital de Lufthansa et obtient une minorité de blocage. Il faudra à présent voir si la Belgique peut en faire de même chez Brussels Airlines. »

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