L’UE veut ériger l’euro en sérieux concurrent pour le dollar

Les dirigeants européens cherchent à fortifier l’autonomie financière de l’UE et à la protéger contre l’utilisation du dollar comme une arme. 

Le retrait de l’accord nucléaire iranien a révélé la dépendance des entreprises européennes à l’égard du dollar. La Commission européenne a entrepris d’entamer cette suprématie et de promouvoir l’utilisation de l’euro dans les transactions internationales.

La domination impitoyable du dollar

L’euro est certes la deuxième monnaie la plus utilisée dans le monde. Elle représente environ 20 % des réserves de change mondiales et une proportion similaire des obligations, prêts et dépôts internationaux.

Mais pour le dollar, cette proportion est de 50 %. En revanche, en ce qui concerne les paiements et les facturations internationaux, l’euro et le billet vert sont au coude à coude, avec près de 40 % des transactions pour chacun.

Le dollar domine toutefois impitoyablement dans les échanges commerciaux entre les Etats-Unis et l’UE. 75 % des ventes de la zone euro vers les États-Unis et plus de 90 % de ses importations en provenance de ces derniers sont ainsi réglées en dollars. 

Les espoirs d’égalité avec la devise américaine, qui avaient présidé au lancement de l’euro en 1999, ont donc été douchés. Aujourd’hui, la monnaie unique est même encore moins prééminente  que lors de sa création.

Un atout majeur pour l’euro: la demande d’énergie européenne

La Commission européenne veut donc augmenter la part de l’euro dans les échanges extérieurs. Kadri Simson, la commissaire à l’énergie, a été chargée ‘d’étudier les moyens d’accroître fortement l’utilisation de l’euro sur les marchés énergétiques’. Les Européens disposent en effet d’un atout majeur: ils sont désormais les plus gros consommateurs d’énergie. Les premiers résultats sont tangibles. En octobre, Rosneft, le plus grand producteur pétrolier russe, a annoncé qu’il adopterait désormais l’euro pour ses facturations européennes. 

En revanche, la création d’Instex, une alternative au service de messagerie financière Swift (un système de communication reliant 11.000 banques dans plus de 210 pays) conçue à l’origine par l’Allemagne, le Royaume-Uni et la France pour contourner les sanctions américaines contre l’Iran, est un semi-échec. Même si elle vient de gagner 6 nouveaux membres (la Belgique, le Danemark, la Finlande, les Pays-Bas, la Norvège et la Suède), elle est handicapée par la peur de ses utilisateurs de se couper du système financier basé sur le dollar.

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