Depuis déjà plusieurs années, végétariens et vegans ont l’occasion de profiter de saucisses et steaks ‘végé’ et autres fromages végétaux. Mais ces dénominations ne plaisent pas à l’Union européenne, qui souhaite les interdire. Une proposition qui ne passe pas du tout auprès des ONG environnementales.
La semaine prochaine, les députés européens devront se prononcer sur deux amendements concernant la dénomination des aliments dépourvus de viande. Proposés par la commission à l’agriculture et au développement durable (AGRI), ces amendements visent à ce qu’il soit interdit d’appeler des produits végétaux par des dénominations habituellement données à des produits à base de viande ou à des produits laitiers. Autrement dit, finis les termes ‘burgers végé’ et autres ‘yaourts végétaux’.
L’eurodéputé Eric Andrieu, à l’origine de cette proposition, souhaite faire disparaître toute confusion dans l’esprit des consommateurs, ‘tout en respectant les différents modes de consommation’.
‘D’une part, il y a ceux qui estiment que les produits végétariens qui fleurissent dans les rayons de tous les supermarchés, steaks de soja, steaks de maïs, burgers végans, saucisses végétales, dans lesquels aucune viande animale n’a été utilisée, doivent changer de noms. D’autre part, il y a ceux qui voudraient laisser la situation inchangée, avec le risque de confusions que cela peut engendrer’, explique Eric Andrieu sur son site.
Si la proposition de l’eurodéputé français plaît aux bouchers et éleveurs, qui ont les steaks végé en horreur, elle scandalise bon nombre d’organisations de protection de l’environnement.
‘Des justifications ridicules’
Pour les pourfendeurs de cette proposition, l’adoption de ces amendements profiterait aux industries de la viande et des produits laitiers et affecterait le secteur de l’alimentation.
Treize organisations environnementales majeures ont cosigné une lettre envoyée le 8 octobre dernier aux eurodéputés. Selon elles, ces amendements contreviendraient au ‘Green deal’ européen, censé réduire l’empreinte écologique du secteur agricole, et particulièrement à sa stratégie ‘Farm to Fork’ visant à encourager une alimentation durable.
Marco Contiero, directeur du pôle agriculteur de Greenpeace, n’y est pas allé par quatre chemins. ‘Ces propositions sont dignes de la Préhistoire. Et les justifier par le fait qu’elles résoudraient la confusion des consommateurs est totalement ridicule’, a-t-il déclaré à The Independent. Pour lui, ces amendements constituent ‘une tentative d’empêcher un secteur important de conquérir réellement le marché’.
ProVeg International, une organisation de sensibilisation à l’alimentation, s’est jointe au mouvement. Elle a lancé une pétition demandant aux députés européens de voter contre les restrictions proposées. Elle a recueilli à ce jour plus de 140.000 signatures.
Si les députés votent en faveur des amendements la semaine prochaine, les textes de loi pourraient être intégrés à la politique agricole commune qui entrerait en vigueur au début du mois de janvier 2023.