L’UE a-t-elle succombé aux pression de Pékin en retirant des critiques d’un rapport officiel?

L’Union européenne aurait succombé aux pressions de Pékin pour reformuler les critiques à l’égard de la Chine dans un rapport. Ce rapport pointait notamment du doigt la Chine, accusée de favoriser les fake news sur la pandémie de coronavirus. Le passage aurait été édulcoré.

Le Service européen pour l’action extérieure (SEAE) fait partie de l’Union européenne. Il est chargé de la politique étrangère et de la publication régulière de rapports sur la manière dont la Russie et la Chine déploient leurs fausses informations à travers le monde monde.

La semaine dernière, le site Politico écrivait que le SEAE allait bientôt présenter un nouveau rapport. Il contient une analyse des articles publiés par la Russie et la Chine concernant le coronavirus. Mais lorsque ce rapport a été publié vendredi, il s’est avéré que plusieurs paragraphes avaient été modifiés en le comparant avec l’original consulté auparavant par Politico. Les passages critiques relatifs à la Chine ont tout simplement été supprimés ou édulcorés.

Par exemple, le premier rapport mentionnait une fake news sur le site de l’ambassade de Chine à Paris. Elle déclarait que ‘les personnes âgées des maisons de retraite françaises étaient abandonnées à leur sort et mouraient de faim et de maladie’. Après l’intervention d’un diplomate chinois, ce message a été retiré du rapport.

L’ambassade de Chine en France se fait remarquer négativement depuis le début de la pandémie. En louant la politique chinoise tout en dénigrant celle de la France. L’ambassadeur chinois a d’ailleurs été convoqué par les autorités.

Relations euro-chinoises

Des fuites d’e-mails ont également montré que Pékin avait freiné la publication. La Chine avait également indiqué que sa publication aurait eu pour effet ‘de compliquer’ les relations entre les deux blocs. La version destinée à un usage interne à l’UE n’ayant pas été modifiée.

Pendant ce temps, les fonctionnaires de l’UE et les journalistes se disputent. L’agence de presse du SEAE reproche aux médias occidentaux de publier des désinformations et de faire des ‘accusations infondées et inexactes’. Cette querelle fait évidemment le jeu de la Chine, qui sourit face au spectacle.

La Commission européenne répond qu’il s’agit d’un malentendu de procédure. ‘Je réfute catégoriquement toute allégation sur le fait que nous nous serions pliés à toute pression externe dans notre rapport. L’idée que nous ayons publié vendredi un rapporté atténué après avoir fait des changements est une perception inexacte des procédures’, affirme Peter Stano, porte-parole de l’institution.

L’agitation autour de ce rapport montre clairement que la pression exercée en coulisses par les régimes autoritaires divise les démocraties occidentales.

‘Toute critique de l’UE à l’égard de Pékin ne vise que les États-Unis’

Pour la Chine, la relation avec l’UE reste importante, mais seulement si la Chine est présentée dans les médias comme un partenaire fiable. Toute critique de l’UE à l’égard de Pékin est perçue dans la capitale chinoise ‘comme une forme de soutien à Washington. Alors que les médias chinois ne critiquent que les États-Unis et jamais l’UE.’ Lorsque l’Union européenne publie des informations négatives sur la Chine, les Chinois aiment faire croire qu’ils ne veulent que plaire à Washington.

Cependant, la Chine apparaît de plus en plus comme le bon élève de Moscou dans ce domaine. Diverses théories conspirationnistes sont promues sur les comptes Twitter officiels chinois (ambassades, consulats, presse d’État). Par exemple, le virus aurait été développé dans un laboratoire américain et le coronavirus aurait déjà été détecté en Italie en novembre et seulement plus tard à Wuhan.

Selon le porte-parole du SEAE, Peter Stano, ‘la publication de ce que nous trouvons n’est pas influencée par des facteurs externes’. Selon l’organisation, ils n’ont pas cédé à Pékin, car la Chine a exigé le retrait du rapport complet. En outre, le rapport interne est resté inchangé et les modifications apportées au rapport public n’étaient pas substantielles. Le SEAE a surtout voulu jouer la sécurité et éviter que toutes les critiques contenues dans le rapport puissent être défendues à 100%.

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