Principaux renseignements
- L’Arabie saoudite et la Russie visent à regagner les parts de marché perdues en ciblant la production de schiste aux États-Unis avec une augmentation de la production de pétrole.
- La hausse des coûts de production aux États-Unis et la baisse des prix mondiaux du pétrole due aux politiques tarifaires du président Trump ont érodé la rentabilité des producteurs de schiste américains.
- L’OPEP+ fait marche arrière après avoir mis en œuvre d’importantes réductions de la production au cours des cinq dernières années, pousser les prix du pétrole en dessous de 55-60 dollars le baril infligerait une douleur aux producteurs de schiste américains.
L’Arabie saoudite et la Russie, leaders du groupe OPEP+, poursuivent une double stratégie avec leur récente décision d’augmenter la production de pétrole. Bien qu’elle vise ostensiblement à punir les alliés surproduisant au sein de l’organisation, cette décision cible également la production de schiste américain dans le but de regagner les parts de marché perdues.
Il y a dix ans, la guerre des prix menée par l’OPEP contre les producteurs américains s’est soldée par une défaite, car les progrès technologiques et l’efficacité des forages ont permis aux entreprises de schiste de réduire leurs coûts, de rivaliser à des prix plus bas et, en fin de compte, de prendre des parts de marché aux 12 membres de l’organisation. Toutefois, le paysage des producteurs de schiste américains a changé. L’augmentation des coûts de production au cours des trois dernières années et la baisse des prix mondiaux du pétrole, due en partie aux politiques tarifaires du président Trump, ont érodé leur rentabilité.
Augmentation des coûts et baisse des prix
Des entretiens menés par Reuters avec des délégués de l’OPEP+ et des sources industrielles révèlent que la reconquête des parts de marché est l’un des principaux moteurs de la décision d’accélérer les augmentations de production. Les sources suggèrent que même si cette stratégie n’est pas encore une véritable guerre des prix, faire passer les prix du pétrole sous la barre des 55-60 dollars le baril serait douloureux pour les producteurs de schiste américains.
L’OPEP+, qui comprend des membres de l’OPEP et des alliés comme la Russie et le Kazakhstan, a justifié son augmentation de la production en citant les « fondamentaux sains du marché » et les faibles stocks de pétrole. Toutefois, cette décision coïncide avec l’épuisement des principales zones de schiste dans le bassin permien, ce qui oblige les producteurs à exploiter des régions secondaires où les coûts sont plus élevés. L’inflation a encore exacerbé ces pressions sur les coûts.
L’économie de la production pétrolière
La Réserve fédérale de Dallas estime que les producteurs de schiste ont désormais besoin d’un prix moyen de 65 dollars par baril pour rentabiliser leurs forages. En revanche, les coûts de production saoudiens sont estimés entre 3 et 5 dollars par baril, tandis que ceux de la Russie tournent autour de 10 à 20 dollars.
La domination de l’OPEP, qui dominait autrefois plus de la moitié du marché mondial du pétrole, est tombée à moins de 25 pour cent cette année, les États-Unis représentant 20 pour cent. Après avoir mis en œuvre d’importantes réductions de production au cours des cinq dernières années pour stabiliser le marché face à l’augmentation de la production de schiste aux États-Unis, l’OPEP+ fait à présent marche arrière.
Le marché mondial du pétrole et son impact
L’Arabie saoudite maintient que ses faibles coûts de production lui permettront de devancer ses concurrents dans une éventuelle guerre des prix. Des sources russes se seraient ralliées à la stratégie saoudienne consistant à augmenter l’offre de pétrole pour punir les membres de l’OPEP+ en surproduction, comme l’Irak et le Kazakhstan, tout en mettant la pression sur les producteurs de schiste américains.
L’indice de référence mondial du pétrole, le Brent, qui a évolué dans une fourchette étroite pendant la majeure partie de l’année dernière, a fortement chuté ces derniers mois, atteignant son niveau le plus bas depuis quatre ans, près de 58 dollars le baril, en raison de l’augmentation de la production de l’OPEP+ et des inquiétudes suscitées par l’économie mondiale. Le moment ne pourrait être plus mal choisi pour les producteurs américains, déjà confrontés à une baisse de la production en raison de l’épuisement des meilleurs sites de forage et de la volatilité du marché provoquée par les politiques tarifaires qui pèsent lourdement sur l’industrie.
La baisse des prix du pétrole a des conséquences importantes
La baisse des prix du pétrole a un impact non seulement sur les compagnies pétrolières, qui subissent des pressions pour réduire les dépenses, les emplois et les dividendes, mais aussi sur les pays fortement tributaires des recettes pétrolières. Le Fonds monétaire international estime que la Russie a besoin d’un prix du pétrole supérieur à 77 dollars le baril pour équilibrer son budget, tandis que l’Arabie saoudite a besoin de plus de 90 dollars le baril. Bien que l’OPEP+ n’ait pas d’objectif de prix officiel, ses responsables discutent régulièrement des niveaux de prix et de leurs implications pour l’industrie et l’économie mondiale.
Les responsables saoudiens ont indiqué qu’ils étaient prêts à tolérer une période de baisse des prix, même autour de 60 dollars le baril, ce qui suggère qu’ils sont prêts à accepter une certaine pression fiscale.
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