L’OMS surveille de près un nouveau variant qui possède de nombreuses mutations de la protéine spike. L’Organisation lancera une réunion spéciale ce vendredi pour évoquer ce que cela peut signifier pour les vaccins et les traitements.
Son nom ? Le variant B1.1.529, détecté en Afrique du Sud. L’OMS le reconnait d’emblée: « Nous ne savons pas encore grand-chose à son sujet. Ce que nous savons, c’est que ce variant a un grand nombre de mutations. Et le souci est que lorsque vous avez autant de mutations, cela peut avoir un impact sur le comportement du virus », a déclaré le Dr Maria Van Kerkhove, responsable technique de l’OMS pour le Covid-19, dans une séance de questions-réponses diffusée en direct sur les réseaux sociaux.
L’épicentre de l’épidémie est pourtant à nouveau situé en Europe. Avec plus de 500 cas par million d’habitants et même encore davantage au Royaume-Uni, où la majorité de la population a bénéficié du vaccin AstraZeneca, dont l’efficacité se détériore plus rapidement par raport aux vaccins à ARN messager. Le Royaume-Uni a décidé de fermer préventivement ses frontières à 6 pays africains dont l’Afrique du Sud. L’Agence britannique de sécurité sanitaire suit l’évolution de ce virus et préfère anticiper même si elle avoue « que plus de données sont nécessaires ». Israël a pris la même décision.
C’est l’été en Afrique du Sud, et le pays est dans le creux de la vague. Mais un nouveau variant prend le dessus sur le variant Delta et pourrait enclencher une forme de reprise. Concrètement, des scientifiques sud-africains ont détecté plus de 30 mutations de la protéine spike, la partie qui se lie aux cellules de notre corps.
Quid des vaccins ?
Qu’en est-il de l’efficacité du vaccin d’ailleurs, le variant Nu peut-il l’affecter ? D’après les diapositives des scientifiques sud-africains, le variant B.1.1.529 contient de multiples mutations associées à une résistance accrue aux anticorps. Ce qui signifie que le variant peut potentiellement être plus nocif, et passer nos barrières immunitaires.
L’OMS doit étudier toutes les séquences du génome – au moins 100 – pour déterminer s’il y a lieu ou non de sonner l’alarme et de nommer officiellement le variant B.1.1.529 par la lettre de l’alphabet grec. Ce variant a en outre déjà été repéré au Botswana, Hong Kong et en Israël.
Tous les yeux se tournent désormais sur les Etats-membres de l’UE: vont-ils fermer préventivement leurs frontières ? Il n’y a pas encore eu de consigne européenne. Pour Marc Van Ranst, épidémiologiste qui conseille le gouvernement belge, il est temps d’agir. Selon sa première analyse, le virus est potentiellement plus contagieux que le delta, mais pas plus dangereux. Par contre, ses mutations mettent en danger l’efficacité du vaccin.
Long terme
Interrogé par la RTBF, Emmanuel André, épidémiologiste à la KUL, explique qu’on ne connait pas encore la dangerosité de ce variant : « On va commencer à étudier ce variant de très près ici en Belgique et en Europe. On espère toujours ce fameux variant hyper contagieux qui stimule notre système immunitaire sans être dangereux. Mais pour le moment, on a toujours été déçu. »
Selon l’épidémiologiste, il serait donc irresponsable à l’heure actuelle de laisser circuler librement le virus pour tenter d’obtenir une certaine forme d’immunité collective. Ce n’est pas une solution pour le moment avec le variant Delta et il est beaucoup trop tôt pour le savoir avec le variant Nu. Dans tous les cas, estime le scientifique, la population doit se préparer à vivre avec le Covid-19 pendant des mois voire même des années: « La question est maintenant de savoir si nous serons plus efficaces lors des prochaines vagues et si nous pourrons passer au travers. » Notamment via les campagnes de vaccinations et les doses de rappel.