L’Italie se lance dans une opération de séduction fiscale pour attirer les retraités étrangers

Le gouvernement italien vient d’adopter une série de mesures pour inciter les retraités étrangers et les personnes fiortunées à s’installer dans le pays de la Dolce Vita. La loi de Finances 2019 instaure ainsi une « flat tax » de seulement 7 % sur les revenus de source étrangère, y compris les pensions de retraite. 

Cette taxe réduite ne dure que 5 ans, et pour en bénéficier, les nouveaux contribuables devront résider dans une ville de moins de 20 000 habitants de la Sardaigne, la Sicile, ou l’une des régions du Mezzogiorno (le midi italien, c’est à dire les régions de la Calabre, de la Campanie, des Pouilles, des Abruzzes, du Molise ou de la Basilicate).

Des cadeau fiscaux pour les retraités ou les « impatriés »

Avec ce cadeau fiscal, le gouvernement de Giuseppe Conte espère convaincre une partie des 400 000 Italiens partis vivre à l’étranger de retourner au pays, mais aussi attirer les retraités européens et les personnes fortunées. Les recettes fiscales ainsi gagnées seraient consacrées au financement des universités de ces régions défavorisées.

De même, les salariés titulaires d’un diplôme de l’enseignement supérieur et les personnes occupant un poste de direction dans une entreprise pourront désormais bénéficier d’un abattement de 50 % sur leurs revenus du travail pendant les 5 premières années de leur installation (ou retour) en Italie. Pour profiter de cet avantage, ils devront travailler essentiellement sur le sol italien, ne pas avoir résidé dans le pays au cours des 5 années précédentes, et s’engager à s’y installer pour au moins deux ans.

Enfin, c’est une exonération de pas moins de 90 % pendant 4 ans qui attend les professeurs et autrres chercheurs qui établiront leur résidence en Italie. 

Des cadeaux fiscaux pour les grosses fortunes

Un autre signal est adressé aux étrangers bien dotés, puisque l’imposition des revenus issus de l’étranger sera limitée à 100 000 euros. Pour en bénéficier, les contribuables devront avoir résidé à l’étranger 9 ans sur les 10 dernières années. En outre, chaque membre de la famille pourra profiter de la résidence fiscale pour 25 000 euros de plus. L’objectif serait d’attirer les retraités fortunés, les dirigeants d’entreprises ou encore des artistes ou des stars du sport. Apparemment, cette règle  aurait été inspirée par la décision du footballeur portugais Cristiano Ronaldo d’intégrer le club de la Juventus de Turin

Ces mesures ne sont pas sans rappeler le régime fiscal ultra-favorable offert par le Portugal aux retraités étrangers. Ils y bénéficient d’une exonération d’impôts importante pendant 10 ans, sous réserve qu’ils y possèdent une résidence officielle pendant au moins 5 ans, et qu’ils y séjournent au mojns 183 jours par an.

… Mais les citoyens italiens démunis ne sont pas logés à la même enseigne

Toutefois, le gouvernement Conte ne cajole pas autant les citoyens italiens démunis, en dépit de ce qu’il leur avait promis pendant la campagne électorale, nous apprend le journal catholique La Croix.

La nouvelle loi de Finances, votée sans que les parlementaires puissent prendre connaissance de son contenu, remanié après les remontrances de Bruxelles qui avait retoqué la première mouture du budget, prévoit une augmentation de la fiscalité, une baisse des subventions accordées pour la recherche, et surtout, un coup de rabot sur le revenu citoyen. 

Or, l’instauration de ce revenu citoyen était l’une des grandes promesses de la coalition au gouvernement, composée de la Ligue, le parti d’extrême droite, et du mouvement populiste anti-système M5S. Selon cette promesse, près de 5 millions de personnes démunies (chômeurs, retraités et membres des familles vivant en deçà du seuil de pauvreté) devaient percevoir mensuellement une allocation de 780 euros pour une personne seule, et 1330 euros pour les familles à partir du 1er février 2019. Il était prévu d’y consacrer une enveloppe d’un peu plus  de 10 milliards d’euros. Mais désormais, ce budget ne se monte plus qu’à 6,1 milliards d’euros. En conséquence, le premier versement a été reporté au 1er avril, et le nombre de bénéficiaires est tombé à 2,150 millions de personnes.

Le gouvernement Conte a dû revoir sa copie de budget avec des prévisions moins euphoriques

En cause : la révision à la baisse des prévisions de croissance de l’Italie, de 2,4 % à 1 % du PIB dans le nouveau projet de budget. De même, le déficit public prévisionnel, qui devait atteindre 2,4 %, a été ramené à 2,04 %.

Baisse des recettes fiscales attendues et des dépenses publiques autorisées : en conséquence, le montant global qui devait être alloué à l’instauration du revenu citoyen et à l’institution de conditions de prise de pension plus favorables pour les citoyens italiens a fondu comme neige au soleil. Alors qu’il se montait à 16 milliards d’euros dans la première proposition de budget, il n’atteignait plus que 10 milliards dans le projet de budget révisé. 

Plus