L’inflation dans la zone euro ne ralentit plus : une nouvelle hausse des taux s’impose

Le rapport sur l’inflation de l’office européen des statistiques Eurostat montre que les prix à la consommation dans la zone euro ont augmenté de 5,3 % ce mois-ci. C’est équivalent à l’inflation en juillet. Cela réduit la probabilité que la Banque centrale européenne (BCE) fasse une pause en septembre.

Pourquoi est-ce important ?

Depuis le pic à l'automne 2022, l'inflation dans la zone euro était en train de ralentir, à part en avril où il y a eu une légère poussée. Mais maintenant, ce ralentissement est au point mort. La BCE a déjà insisté à plusieurs reprises qu'elle ferait tout pour ramener l'inflation à 2 %.

Dans l’actualité : On s’y attendait déjà après que certains États membres de la zone euro ont publié hier les chiffres de l’inflation. Celle-ci ne ralentit plus.

  • L’inflation dans la zone euro était de 5,3 % en août. C’est le même niveau qu’en juillet.
  • Comme les mois précédents, c’est l’augmentation des prix alimentaires qui nourrit l’inflation. Le rapport d’Eurostat indique que les produits alimentaires (y compris alcool et tabac) ont augmenté de 9,8 % au cours de la dernière année. C’est toutefois moins rapide qu’en juillet, où une inflation alimentaire de 10,8 % a été enregistrée.
  • Il y a aussi une note positive : l’inflation de base, hors alimentation, énergie et tabac, est passée de 5,5 % en juillet à 5,3 %.
  • Ce n’est pas un détail insignifiant, car la BCE se concentre principalement sur l’inflation de base lorsqu’elle définit sa politique monétaire. Néanmoins, celle-ci est toujours deux fois plus élevée que l’objectif que s’est fixé l’institution monétaire.

Dans certains pays, l’inflation reprend de la vigueur

Selon l’indice harmonisé des prix à la consommation (HICP) de l’Union européenne, l’inflation accélère dans certains États membres de la zone euro.

  • C’est notamment le cas dans notre pays. L’inflation (sur une base annuelle) était de 2,4 %, contre 1,7 % en juillet. Selon les calculs de Statbel, elle était de 4,09 %, contre 4,14 % en juillet.
  • L’inflation a également augmenté en Irlande, en Espagne, en France, en Croatie, à Chypre, au Luxembourg, en Autriche, au Portugal et en Slovénie.
  • Dans certains cas exceptionnels, l’inflation a considérablement ralenti. C’est notamment le cas aux Pays-Bas, où les prix à la consommation n’ont augmenté que d’environ 3,4 % en août. L’inflation néerlandaise était de 5,3 % en juillet.
  • Chez notre autre voisin, l’Allemagne, l’inflation est restée pratiquement inchangée. Elle est passée de 6,5 % en juillet à 6,4 % en août.

Comment réagit la BCE ?

La question se pose maintenant : comment la BCE va-t-elle réagir à ces chiffres ?

  • Lors de la conférence de Jackson Hole de la Réserve fédérale (américaine), Lagarde a réitéré qu’il restait crucial que l’inflation revienne à 2 %. Mais elle n’a pas donné de détails sur les plans de la BCE.
  • Isabel Schnabel, membre du directoire de la BCE, a reconnu dans son discours à Francfort que le ralentissement de l’inflation était moins rapide que prévu. « La pression sous-jacente sur les prix reste obstinément élevée, les facteurs intérieurs étant désormais la principale force motrice de l’inflation dans la zone euro. C’est pourquoi une politique monétaire suffisamment restrictive est cruciale pour ramener rapidement l’inflation à notre objectif de 2 % », dit-elle.
  • Selon Bert Colijn, économiste chez ING, une nouvelle hausse des taux est à l’étude. « Bien que l’inflation reste assez persistante pour rendre inconfortables les faucons de la BCE (ceux en faveur d’une politique monétaire plus restrictive), il semble qu’un ralentissement supplémentaire de l’inflation soit en cours pour les mois à venir. Étant donné le mantra de la BCE au cours des derniers mois que ne pas en faire assez est pire que d’en faire trop, nous nous attendons toujours à une augmentation des taux de 25 points de base, bien que ce soit limite », avance-t-il.

MB

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