Les prix des denrées alimentaires restent très élevés en Belgique. Selon la Fevia, la fédération de l’industrie alimentaire belge, c’est le gouvernement qui devrait y remédier. La responsabilité n’incombe pas uniquement à l’industrie, estime le porte-parole Nicolas Courant.
L’industrie alimentaire rejette toute responsabilité : « Au gouvernement de faire quelque chose pour lutter contre les prix élevés »

Pourquoi est-ce important ?
L'industrie alimentaire est accusée de "greedflation" : profiter de la situation inflationniste pour gonfler ses marges. Maintenant que les prix de l'énergie et de certaines matières premières sont retombés, pourquoi ne pas faire baisser les prix des denrées alimentaires ?Dans l’actualité : le ministre de l’Économie Pierre-Yves Dermagne (PS) veut faire baisser les prix des denrées alimentaires. S’il le faut, il est même prêt à nommer les entreprises alimentaires qui ne coopèrent pas. Bien entendu, les entreprises alimentaires n’y sont pas favorables.
- « Il n’est pas juste de pointer du doigt les entreprises alimentaires exclusivement. En effet, le prix des aliments n’est pas fixé par les entreprises alimentaires, mais par les supermarchés. Nous proposons d’en discuter lors des réunions de concertation de la chaine agroalimentaire belge. Une réunion est prévue à la mi-juillet et nous y examinerons avec les partenaires de la chaîne comment nous pouvons envoyer un signal. Mais cela doit être fait par l’ensemble de la chaîne », a déclaré Nicolas Courant.
- Appliquer le modèle français ? « Le gouvernement français a aidé le secteur l’année dernière à répercuter les coûts sur les supermarchés. Cela n’a pas été le cas ici. Le ministre belge n’a pas répondu favorablement à cette solution. Nous n’avons pas reçu le même soutien que les entreprises françaises. Lorsque le ministre français demande maintenant, en contrepartie, que certains prix baissent, nous pensons que c’est compréhensible dans le contexte français. Mais on ne peut pas copier cela sur le marché belge. «
Le gouvernement a des leviers en main
- « Le gouvernement dispose de leviers pour réduire la pression sur les prix. D’une part, en réduisant l’accumulation de toutes sortes de petites taxes qui nous rendent plus chers que nos collègues français, par exemple. Nous avons un handicap historique en matière de coût du travail. Cela a été aggravé au début de cette année par l’indexation des salaires de 11 %, beaucoup plus que dans les pays voisins », souligne Courant. « La compétitivité du secteur doit également être améliorée. La rentabilité de nos entreprises a sérieusement chuté. L’idée selon laquelle de gros bénéfices sont réalisés n’est pas du tout correcte ».
- « Espérons que les prix des produits de base continueront à baisser. Il serait alors possible de commencer à réduire efficacement les prix des denrées alimentaires. Mais de nombreux prix sont encore très élevés aujourd’hui, le cacao ou le sucre par exemple. À l’échelle internationale, les coûts de l’énergie sont également en baisse. Mais un quart des entreprises a dû passer de contrats fixes à des contrats variables au début de l’année 2023. Elles ne ressentent pas ces baisses de prix. Au contraire, les coûts sont encore plus élevés pour elles. »
Avec la réforme fiscale sur la table du gouvernement, la TVA réduite pourrait aussi augmenter de 6 à 9% sur certains produits. De quoi encore plus inquiéter Flavia, qui en témoignait la semaine dernière à nos confrères de la RTBF : « On s’attend, à ce qu’environ 1 milliard d’euros soit dépensé par les Belges dans les supermarchés français et hollandais. Un Belge sur huit va déjà faire ses courses en France toutes les six semaines. »
Attention toutefois, faire ses courses en France n’est pas toujours une bonne idée.
(JM)