C’est donc acté et la presse américaine ne parle plus que de ça : l’ancien président des États-Unis, Donald Trump, a été inculpé au pénal par un grand jury, à New York. Largement anticipée par le milliardaire, cette inculpation voit s’affronter deux camps.
L’inculpation de Trump, une première en 235 ans d’histoire institutionnelle : la bataille politique a déjà commencé

Pourquoi est-ce important ?
Une petite musique court depuis quelque temps, outre-Atlantique : celle du risque d'une guerre civile, entre deux camps qui ne se parlent plus, ne se croient plus et s'opposent sur tous les sujets. L'inculpation de Donald Trump par un magistrat démocrate renforcera sans doute cette théorie, à l'aube d'une campagne présidentielle sulfureuse.Dans l’actu : Donald Trump, premier président américain de l’histoire à être inculpé au pénal.
- Un grand jury de Manhattan a inculpé au pénal Donald Trump. Les chefs d’accusation n’ont toutefois pas été rendus publics. Selon CNN, l’ancien promoteur immobilier ferait face à une trentaine de chefs d’accusation.
- Ce que l’on sait, c’est que le grand jury a entendu des témoignages sur de l’argent que Trump aurait versé à l’actrice porno Stormy Daniels durant la campagne de 2016.
- Le but supposé ? La faire taire par rapport aux prétendues relations sexuelles qui auraient eu lieu entre eux des années plus tôt. L’affaire met en jeu la falsification de documents, ce qui pourrait constituer une violation des règles de financement des campagnes électorales.
- Donald Trump est censé se présenter à New York, mardi prochain, à 14h15 précises.
- Il n’est donc ici pas question des événements du Capitole qui visaient à contester la victoire de son rival Joe Biden, en 2020, ni de sa gestion de documents classifiés à Mar-a-Lago, sa résidence en Floride.
L’essentiel : un procès sans doute trop anticipé.
- Depuis plusieurs jours maintenant, Donald Trump crie sur tous les toits qu’il va faire l’objet d’une arrestation. Une anticipation qui porte ses fruits.
- Le procès devient un combat politique et la couleur démocrate du procureur Alvin Bragg, à l’origine de l’inculpation, n’arrange évidemment rien.
- Le speaker républicain de la Chambre Kevin McCarthy, 3e représentant de l’Etat dans l’ordre de succession à la présidence, promet déjà de tenir responsable le procureur de Manhattan Bragg « pour son abus de pouvoir sans précédent ».
- Même le plus grand rival républicain de Trump à la course présidentielle de 2024, le gouverneur de Floride Ron DeSantis, a déjà fait savoir que son État ne coopèrerait pas à l’extradition de Donald Trump à New York.
- De son côté, Donald Trump estime qu’il s’agit ni plus ni moins d’une chasse aux sorcières : « Les démocrates ont menti, triché et volé dans leur obsession à essayer ‘de se faire Trump’, mais maintenant, ils ont fait l’impensable – inculper une personne complètement innocente dans un acte d’interférence électorale flagrante. Jamais auparavant dans l’histoire de notre pays cela n’avait été fait. »
- Ses avocats ont toutefois fait savoir qu’il se rendrait bien à New York selon la procédure. Histoire d’instrumentaliser politiquement le procès.
L’enjeu : cette accusation doit quand même être prise au sérieux par Donald Trump.
- Si la course à la présidentielle pour 2024 est déjà très inflammable, il fait peu de doutes que ce procès remettra de l’huile sur le feu de la division américaine.
- Pour les républicains, toutefois, cette union sacrée autour d’un seul homme va sans doute neutraliser la campagne des primaires.
- Pour Donald Trump, il est surtout question de son image. Être accusé ou reconnu coupable d’un crime n’empêche pas l’ancien président à se présenter.
- Mais faire l’objet d’une arrestation, par exemple en arrivant menotté au procès, serait peut-être préjudiciable pour l’homme de bientôt 77 ans, notamment du point de vue des électeurs républicains modérés ou des indépendants.
- Pour ses propres supporters par contre, les images d’une arrestation pourraient les galvaniser. Il sera intéressant de voir si l’unité républicaine se maintiendra dans le temps.
- Donald Trump, évidemment, ne se laissera pas faire. Il a promis jeudi de rallier ses collègues républicains pour vaincre M. Bragg. « Ensuite, nous battrons Joe Biden et nous chasserons tous ces démocrates véreux de leur poste », a-t-il déclaré, rapporte le Washington Post.