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Limiter les dépenses des partis sur les réseaux sociaux ? Les partis francophones de la Vivaldi se mettent à table, un vote est même possible avant les élections

Limiter les dépenses des partis sur les réseaux sociaux ? Les partis francophones de la Vivaldi se mettent à table, un vote est même possible avant les élections
Le président du PS Paul Magnette et le président d’Ecolo Jean-Marc Nollet. (LAURIE DIEFFEMBACQ/Belga/AFP & HATIM KAGHAT/BELGA MAG/AFP via Getty Images)

Les discussions sur le financement des partis politiques reprennent vie au sein de la Vivaldi. Avec des pourparlers renouvelés du côté francophone, où le nœud semble se dénouer. Du côté flamand, les quatre partis de la coalition sont plus ou moins d’accord. L’Open Vld, le cd&v, Groen et Vooruit estiment tous que les fonds publics alloués aux partis sont excessifs. Initialement, le PS et surtout le MR s’y opposaient, mais de nouvelles négociations sont en cours, apprend-on de bonne source. Une nouvelle proposition de compromis, élaborée par Ecolo, pourrait être acceptée par le reste de la majorité. Des pourparlers sont également en cours avec le MR. Il est crucial de noter que la proposition envisage non seulement de réduire le financement des partis belges, mais aussi de limiter leurs dépenses sur les réseaux sociaux, qui sont particulièrement élevées en Belgique par rapport au reste de l’Europe. Il est également intéressant de noter que les trois partis d’opposition, N-VA, Vlaams Belang et PTB/PVDA, sont en tête de ces dépenses. La Vivaldi souhaite les restreindre.

Dans l’actualité : une réduction du financement des partis semble soudainement possible au sein de la majorité.

Les détails : un changement majeur pourrait intervenir dans les publicités politiques en Belgique. Avec un plafond sur les dépenses des partis sur les réseaux sociaux. A la Chambre, la majorité Vivaldi semble progresser vers un nouveau texte de compromis sur le financement des partis, qui établirait un montant maximal.

  • 1,8 million d’euros : c’est le montant que la N-VA et le Vlaams Belang ont dépensé l’année dernière sur Meta, la société mère de Facebook et Instagram. Le parti de Tom Van Grieken (Vlaams Belang) a dépensé légèrement plus, devenant ainsi le leader en termes de dépenses.
  • Si les deux partis de l’opposition fédérale sont en tête des dépenses sur les réseaux sociaux, les autres partis ne ménagent pas leurs efforts non plus. Au total, en Belgique, 6 millions d’euros ont été dépensés sur Meta rien que sur l’année dernière. Le troisième plus gros dépensier est, sans surprise, également un parti d’opposition : le PTB-PVDA, qui y a dépensé 600.000 euros.
  • C’est justement de cela que s’inquiètent les partis francophones de la majorité que sont Ecolo, le PS et le MR. En effet, Paul Magnette (PS), Georges-Louis Bouchez (MR) et Jean-Marc Nollet (Ecolo) ont constaté qu’ils étaient largement dépassés sur Facebook par Raoul Hedebouw (PVDA). Face aux 600.000 euros dépensés par les communistes, Ecolo n’a dépensé que 66.000 euros, le MR 143.000 et le PS à peine 49.000 euros.
  • Maintenant que la période de réserve pour les élections commence, toutes les campagnes classiques sont freinées et plafonnées : plus de grandes affiches, plus de bus publicitaires couverts de stickers parcourant le pays (ce que Groen n’avait d’ailleurs jamais prévu, selon leurs dires), et aucun parti ne peut dépenser plus de 1 million d’euros au cours des quatre prochains mois, y compris pour les publicités en ligne. Il est donc évident que les trois partis d’opposition ont déjà mené une pré-campagne en ligne intensive pendant toute une année.
  • C’est précisément là, dans ces dépenses sur les réseaux sociaux, que peut se trouver l’élément permettant au PS et au MR de s’entendre sur une réforme plus large. Cela a échoué lors de la consultation majoritaire de la semaine dernière. Là, seule une limitation des dotations était sur la table, ainsi que la fin de dons étrangers et des abus avec des « membres inappropriés » : trop peu pour que Groen et Vooruit soient d’accord.
  • Ils veulent que quelque chose soit fait directement aux dotations elles-mêmes. Actuellement, 78 millions d’euros sont alloués chaque année aux partis. En Flandre, le Parlement flamand a déjà décidé de ne pas indexer ces dotations, pour leur part. Cela représentait donc déjà une économie. Mais la Chambre n’a même pas pu aller jusque-là, après que Kristof Calvo (Groen) et Joris Vandenbroucke (Vooruit) ont refusé d’accepter ces ajustements minimaux.
  • Mais voyez-vous : plusieurs sources confirment qu’il y a du mouvement, du côté francophone de la majorité. Le fait que les médias francophones se soient enfin réveillés la semaine dernière joue également un rôle. Il est apparu que tant le PS que le MR étaient réticents, et Georges-Louis Bouchez (MR) est même allé jusqu’à dénigrer complètement l’idée de réduction des dotations des partis devant les caméras de Villa Politica. Mais cela leur est revenu en pleine figure : des articles critiques et des commentaires sont parus dans Le Soir et La Libre.

L’essentiel : il y a tout à coup beaucoup plus de chances qu’un vote se déroule sur le financement des partis.

  • « Il est bon que les présidents de partis francophones se soient réveillés et réalisent qu’ils ne peuvent plus ignorer ce dossier. Cela concerne la crédibilité de la politique. J’espère que le PS, Ecolo et le MR fixeront la barre haut », commente Joris Vandenbroucke (Vooruit), qui négocie pour son parti.
  • Kristof Calvo (Groen) a également tweeté hier, mais a surtout mis l’accent sur le jeu devant les caméras. Une grande partie de la discussion a porté sur le panel citoyen « We Need to Talk », qui a proposé diverses suggestions pour adapter le financement des partis politiques. « Les funérailles de la réforme du financement des partis politiques sont (temporairement) évitées. La commission des Affaires constitutionnelles de la Chambre décide : toutes les factions devront dévoiler leur position sur les recommandations de ‘We Need to Talk’. Jouez cartes sur table et montrez votre couleur », a-t-il déclaré.
  • « Il est typique que Kristof en fasse une affaire devant la Commission. La vérité est que le fait que ces discussions avec le PS et le MR n’aient pas fuité jusqu’à présent est beaucoup plus pertinent : c’est là qu’une percée pourrait se produire, pas nécessairement au sein de la Commission des Affaires constitutionnelles elle-même », déclare un député.
  • En même temps, force est de constater que les subventions ne chuteront pas de façon spectaculaire : beaucoup de partis, notamment du côté francophone, emploient du personnel de toutes sortes et n’ont aucun intérêt à un massacre social . Une réduction de moitié, comme l’a proposé l’opposition, n’aura certainement pas lieu. Mais en même temps, l’exemple flamand consistant à ne plus appliquer l’indexation pourrait certainement être un début. 
  • Pour Vandenbroucke, la voie est claire : « Il faut mettre un terme aux dépenses exorbitantes des partis politiques sur les réseaux sociaux, jusqu’à 6 millions d’euros par an. C’est de l’argent public dont les partis peuvent parfaitement se passer. »
  • Dans ce contexte, s’il y a un compromis francophone, il devra également être « suffisant » pour les partis flamands puissent en sortir triomphants.
  • Dans son podcast « Onder ons », Ivan De Vadder, un observateur chevronné de la politique, donne d’ailleurs un point de vue intéressant sur le financement des partis : « Nous devons également veiller à ne pas tomber dans le piège de ne plus rien accorder aux politiciens. Ce n’est pas si simple. C’est devenu un débat symbolique. Il s’agit de 80 millions d’euros par an. Imaginez que vous puissiez en retirer 20 millions, cela ne rapporterait pas grand-chose au budget. »
  • La nouvelle proposition de compromis d’Ecolo pourrait arriver à la Chambre après les vacances de carnaval, si le PS et le MR parviennent à un accord. Ensuite, d’autres commissions constitutionnelles sont prévues, ce qui permettrait éventuellement un vote.

(OD)

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