L’hyperloop, l’échec de Musk qui cache la forêt des projets sérieux et qui avancent… en Europe

Des tunnels creusés pour des centaines de millions de dollars qui ne servent plus que de parking : l’hyperloop de The Boring Company n’est pas vraiment un succès, et les autres Big Tech semblent aussi fort refroidies sur la question. Mais ce n’est pas pour autant que la technologie a déraillé, bien au contraire : il faut juste se tourner vers l’Europe.

Pour beaucoup de gens, c’était sans doute la première fois qu’ils entendaient parler d’Elon Musk : dès 2013, le magnat sud-africain se voyait inaugurer un système de nacelles propulsées à 1.200 km/h par sustentation magnétique dans un réseau de tunnels, comme une sorte de métro ultrarapide sous Los Angeles. Mais depuis l’année passée, on n’en entend plus parler et le tube d’essai semble avoir été recyclé en parking. Mais ça ne veut pas dire que cette technologie est morte, loin de là.

  • Soyons d’ailleurs honnêtes avec Elon : il n’est pas le seul à avoir plus ou moins laissé tomber. Virgin Hyperloop, qui fut la première entreprise à réussir un transport de passager par ce genre de moyen de locomotion, a abandonné cet objectif pour se consacrer au transport de marchandises en février 2022.
  • Mais loin des déclarations médiatiques des grands magnats industriels, la technologie continue à progresser, à un rythme moins soutenu, mais plus réaliste. Le mois dernier, le salon automobile IAA à Munich a accueilli le premier tube d’essai de TUM Hyperloop, le projet de l’Université Technique de Munich. La nacelle pour passagers était montée sur un tube de 24 m de long. Pas de quoi rêver de trains électromagnétiques à travers toute l’Allemagne l’année prochaine, mais on avance.

« Je travaille là-dessus depuis sept ans maintenant, nous ne le ferions pas si nous n’y croyions pas. Je pense qu’une bonne part du battage médiatique, à ses débuts, était vraiment optimiste, genre, dans deux ans, dans trois ans, je ne sais pas. Mais c’est un calendrier que vous pouvez utiliser si vous créez des logiciels, peut-être, mais pas si vous construisez des infrastructures. […] De toute évidence, il faut le temps de développer ce type de système complètement nouveau. »

Gabriele Semino, chef de projet chez TUM Hyperloop, interviewé par CNBC

En Belgique aussi

Les grandes sociétés américaines comme Virgin, ou The Boring Company d’Elon Musk, ne sont pas hors jeu ; disons qu’elles ont juste revu leurs priorités après avoir mis la charrue avant les bœufs en se lançant dans de grands chantiers un peu trop vite. Mais si on cherche des projets, certes moins sexy, mais un peu plus crédibles sur le papier, il faut se tourner vers l’Europe.

  • L’Union européenne est en train de mettre en place un cadre juridique pour la technologie hyperloop, ce qui demeure une étape essentielle pour faire passer celle-ci des laboratoires à la vie quotidienne des usagers de transport. « Je pense qu’en ce moment, pour l’hyperloop en particulier, la région qui progresse le plus est l’Europe », estimait Semino.
  • On a cité TUM Hyperloop, mais, encore plus près de nous, on peut aussi mentionner l’équipe d’Umika Bhagole, de l’Université technique de Delft, aux Pays-Bas. Lors de la semaine européenne de l’Hyperloop, une exposition au cours de laquelle des équipes d’étudiants présentent leurs concepts, les Néerlandais ont présenté la possibilité de relier Bruxelles à Paris en une demi-heure seulement. L’échéance : 2040, du moins pour le transport de marchandises.
  • La technologie hyperloop ne remplira peut-être pas aussi vite toutes ses promesses médiatiques, elle est très sérieusement envisagée comme une alternative au trafic aérien, à l’échelle d’un continent. Mais on ne la verra pas se démocratiser aussi vite que certains le pensaient.
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