L’explosion d’une gigantesque usine de GNL aux États-Unis porte un coup dur à la politique énergétique européenne

Le terminal GNL de Freeport, au Texas, l’une des plus grandes installations de gaz naturel liquéfié (GNL) des États-Unis, restera fermé pendant au moins trois semaines après une explosion. C’est un coup dur pour l’Europe, qui cherche à importer davantage de gaz américain pour réduire sa dépendance à l’égard de l’énergie russe.

Pourquoi est-ce important ?

Le marché du gaz subit une forte pression de la part des acheteurs de gaz européens qui évitent le GNL russe en raison de l'invasion de l'Ukraine par la Russie, et de la résurgence de la demande en Chine.

Freeport LNG, qui représente environ 20 % du traitement du GNL aux États-Unis, a annoncé sa fermeture tard dans la journée de mercredi après avoir déterminé les dommages causés à l’énorme installation. Cette information a été rapportée par Reuters et le Financial Times, entre autres.

L’usine peut traiter jusqu’à 2,1 milliards de pieds cubes de gaz naturel par jour (bcfd) et, à pleine capacité, exporter 15 millions de tonnes (MTPA) de gaz liquide par an. Les exportations américaines de GNL ont atteint un niveau record de 9,7 milliards de pieds cubes par jour l’année dernière, selon l’Administration américaine d’information sur l’énergie (EIA).

En mars, 21 cargaisons contenant environ 64 milliards de pieds cubes de gaz ont quitté l’installation de Freeport pour des destinations en Europe, en Corée du Sud et en Chine. En février, il y a eu 15 cargaisons et 19 en janvier.

« Cela ne signifiera qu’une chose : des pénuries »

« C’est un arrêt de production majeur dans une grande usine américaine », a déclaré à Reuters Alex Munton, du cabinet de recherche Rapidan Energy. Freeport LNG expédie environ quatre cargaisons par semaine et une fermeture de trois semaines priverait le marché d’au moins un million de tonnes de GNL, a-t-il déclaré.

« Cela ne signifiera qu’une seule chose : des pénuries. La concurrence pour le GNL au comptant va faire grimper les prix du GNL dans le monde entier », suggère M. Munton.

L’incendie de mercredi a particulièrement agité les marchés américains du gaz naturel. Les contrats à terme américains pour les livraisons de gaz naturel en juillet se négociaient mercredi soir à environ 8,17 dollars par million de British thermal units, soit une baisse de 12 % par rapport au prix de règlement de mardi. Les négociants craignaient que les approvisionnements nationaux soient piégés sur le continent, écrit le FT.

L’impact devrait s’étendre aux marchés européens et asiatiques, selon plusieurs analystes.

Accord avec l’UE

Les États-Unis veulent fournir aux pays de l’Union européenne au moins 15 milliards de mètres cubes supplémentaires de gaz naturel liquéfié (GNL) cette année. Cet engagement a été pris fin mars, lors d’une rencontre entre le président américain Joe Biden et Ursula Von der Leyen, la présidente de la Commission européenne.

Bruxelles a déclaré qu’elle visait à augmenter la demande annuelle de GNL américain de 50 milliards de mètres cubes d’ici la fin de la décennie, soit l’équivalent de 4,8 milliards de mètres cubes par jour.

(JM)

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