L’Europe se trouve de nouvelles sources de gaz au Moyen-Orient et promet la sécurité alimentaire en échange

L’Europe a besoin de gaz et vite. Si ce sont les États-Unis qui ont assuré le gros de l’approvisionnement en remplacement de la source russe, la Commission européenne compte bien se trouver au plus vite de nouveaux fournisseurs à long terme. Et comme pour le pétrole, ceux qui sont les plus à même d’assouvir la soif de ressources de l’Union se trouvent au Moyen-Orient.

Le 15 juin dernier, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, accompagnée de la commissaire européenne de l’Energie Kadri Simson (Estonie), s’est rendue au Caire dans le cadre du Forum sur le gaz en Méditerranée orientale. La présidente y a signé un « Memorandum of Understanding » planifiant la stimulation des exportations de gaz égyptien, mais aussi israélien, en direction de l’UE.

Livraisons stables de gaz naturel

De passage dans l’État hébreu, Mme von der Leyen en a profité pour fustiger le « chantage » envers l’Europe auquel se livre la Russie avec son gaz et son pétrole. Une manière de rappeler la gravité des enjeux dans un pays qui reste obstinément neutre sur le conflit entre Moscou et Kiev.

Le texte proclame que les trois parties « s’efforceront d’œuvrer collectivement pour permettre une livraison stable de gaz naturel à l’UE qui soit compatible avec les objectifs de décarbonisation à long terme et qui repose sur le principe d’une tarification orientée vers le marché ».

Collaboration croissante entre Égypte et Israël

Il précise également que le gaz israélien « peut être acheminé » via l’infrastructure GNL en Égypte. Dans le cadre d’un accord historique de 15 milliards de dollars en 2020, Israël exporte déjà du gaz d’un champ offshore vers l’Égypte, où il est liquéfié et expédié vers les pays européens. Mais une augmentation significative des exportations de gaz d’Israël via l’Égypte nécessiterait d’importants investissements dans les infrastructures à long terme, nuance Euractiv.

Mme von der Leyen a également déclaré que l’Égypte disposait d’une abondance d’énergie solaire et éolienne, « les énergies du futur », et que l’UE et l’Égypte les explorant conjointement était dans « notre intérêt commun. »

Le souvenir du Printemps arabe

L’accord n’est toutefois pas à sens unique : si l’Europe a besoin d’énergie, l’Égypte, elle, craint pour sa sécurité alimentaire, alors que le blé ukrainien représentait une très grande part de ses importations de biens de première nécessité. Ce pays est le plus peuplé du monde arabe, dont 80% des importations de céréales proviennent d’Ukraine ou de Russie. Les dernières grandes crises d’approvisionnement avaient d’ailleurs eu un rôle à jouer dans l’éclatement des troubles dans plusieurs pays en 2011, collectivement qualifiés de « Printemps arabe » et qui avaient causé la chute du président égyptien Hosni Moubarak.

La présidente de la Commission européenne a donc promis une « aide immédiate de 100 millions d’euros » pour soutenir la sécurité alimentaire en Égypte: « Il est très important qu’ici, nous soyons unis, au niveau mondial, pour gérer cette crise de la sécurité alimentaire, que nous trouvions des solutions équitables pour tous, que nous examinions la distribution des céréales, par exemple, dans le monde entier, et que nous mettions vraiment l’accent sur les pays vulnérables. »

Elle a également promis 3 milliards d’euros pour « l’agriculture et la nutrition, l’eau et les programmes d’assainissement au cours des prochaines années ici dans la région. » On évitera toutefois de surnommer cet accord « gaz contre nourriture. »

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