Les vagues, une source d’énergie verte sérieuse pour l’Europe ? Un projet sur 4 ans à 19,6 millions d’euros va tenter de le prouver

Le projet à 19,6 millions d’euros Wedusea, soutenu par l’Union européenne, a été lancé cette semaine. Son objectif : démontrer que les vagues peuvent être une source d’énergie verte et jouer un rôle clé dans la décarbonisation.

Pourquoi est-ce important ?

Alors que la transition énergétique se fait de plus en plus pressante – la crise énergétique à laquelle fait face l’Europe n’a fait que souligner combien nous étions dépendants des combustibles fossiles –, les projets visant à démontrer que les ressources naturelles de la Terre peuvent être des alternatives viables se multiplient. Et les larges étendues d’eau qui recouvrent la planète bleue à perte de vue semblent être des candidates sérieuses, mais encore faut-il parvenir à démontrer que leur exploitation en vaut la peine. Et c’est justement ce que va tenter de faire un nouveau projet, en partie financé par l’UE.

Regroupant pas moins de 14 partenaires universitaires et industriels paneuropéens, l’initiative Wedusea (Wave Energy Demonstration at Utility Scale to Enable Arrays) concrétise son projet visant à démontrer la viabilité de l’énergie houlomotrice à grande échelle, a-t-elle annoncé cette semaine, lors de la conférence internationale sur l’énergie océanique qui s’est déroulée en Espagne.

  • « L’objectif ultime du projet est de créer une voie de déploiement technologique pour une ferme pilote de 20 MW en obtenant une diminution significative du coût actualisé de l’énergie (LCOE) pour l’énergie des vagues. industrie », détaille Wedusea sur son site.

Financé par l’agence d’innovation britannique Innovate UK et le programme Horizon Europe de l’UE, ce projet de 19,6 millions d’euros est coordonné par OceanEnergy, une entreprise irlandaise à l’origine de l’OE35, « qui est considéré comme le dispositif d’énergie des vagues flottantes ayant la plus grande capacité au monde ».

  • « Flottant à la surface de l’océan, l’appareil intègre un volume d’air emprisonné, dont la partie inférieure est ouverte sur la mer. Les pressions des vagues à l’ouverture submergée font osciller l’eau et entraînent l’air emprisonné à travers une turbine pour générer de l’électricité. Cette énergie peut être exportée vers le réseau ou utilisée dans d’autres applications offshore. »

Les détails du projet : le projet à grande échelle s’étendra sur 4 ans. Durant la phase initiale, l’attention sera portée sur le dispositif de captures d’ondes OE35, afin d’augmenter sa capacité de production d’énergie à plein volume pour atteindre 1 mégawatt. Il sera ensuite déployé dans le Centre européen de l’énergie marine (EMEC) d’Orkney, en Écosse, en vue d’une démonstration de connexion au réseau.

  • « Cette démonstration technique et environnementale rigoureuse se déroulera sur une période de deux ans dans des conditions de vagues de l’Atlantique », a précisé le professeur Tony Lewis, directeur technique d’OceanEnergy.

La troisième phase visera à faire en sorte que le dispositif puisse être commercialisé.

  • « Les actions innovantes entreprises dans ce programme visent à améliorer l’efficacité, la fiabilité, l’évolutivité et la durabilité de la technologie de l’énergie houlomotrice, et à réduire le LCOE [le coût de la durée de vie d’un appareil divisé par sa production d’énergie] de la technologie de plus de 30 % », a déclaré Myles Heward, chef de projet chez EMEC. « Cela aidera à réduire les risques des investissements dans l’énergie des vagues. »

Oui, mais : le potentiel de l’énergie marine suscite de l’enthousiasme, or, pour l’heure, le rendement des projets houlomoteurs et marémoteurs reste très faible en comparaison des autres énergies renouvelables. Le projet Wedusea vise justement à démontrer la viabilité de cette source d’énergie, afin de nourrir l’enthousiasme envers cette dernière.

  • « Nous pensons que cela transformera l’industrie de l’énergie houlomotrice, avec des résultats qui auront un impact direct sur la politique, les normes techniques, la perception du public et la confiance des investisseurs. L’énergie des vagues est la ressource renouvelable la plus précieuse et la plus persistante au monde. Cependant, son potentiel n’a pas encore été pleinement réalisé. Le projet démontrera que la technologie des vagues est sur une trajectoire de réduction des coûts et sera donc un tremplin vers une mise à l’échelle commerciale plus large et une industrialisation plus poussée. Nous prévoyons que l’énergie naturelle des océans du monde alimentera un jour une grande partie du réseau », a expliqué le professeur Tony Lewis.

Aujourd’hui : l’intérêt grandissant pour le domaine se traduit par la multiplication des projets d’échelle, notamment au Japon et aux États-Unis, mais également dans les chiffres d’Ocean Energy Europe (OEE) :

  • En 2021, 2,2 MW de capacité marémotrice ont été installés en Europe, contre seulement 256 kilowatts en 2020.

  • Concernant l’énergie houlomotrice, ce sont 658 kW qui ont été installés, selon l’OEE, ce qui représente une multiplication par 3.

  • À l’échelle mondiale, 1,38 MW d’énergie houlomotrice ont été mis en ligne en 2021, tandis que 3,12 MW de capacité marémotrice ont été installés.

À titre de comparaison, l’Europe a installé l’année dernière 17,4 gigawatts de capacité éolienne.

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