La surchauffe de l’économie, caractérisée par une demande supérieure à l’offre – et donc une hausse des prix – d’une part, et par une offre excédentaire d’emplois vacants et une pénurie de personnel qualifié d’autre part, crée des tensions sur le marché des taux d’intérêt.
Dans les économies émergentes, où les monnaies locales perdent de leur valeur en raison de l’inflation, les taux d’intérêt ont déjà fortement augmenté. Si le taux de référence – le taux des obligations d’État d’une durée de 10 ans – est déjà passé à environ 2 % aux États-Unis, il semble que ce soit maintenant le tour de l’Europe. La décision de la BCE, la semaine dernière, de laisser la porte entrouverte à des hausses de taux cette année a fait basculer le sentiment du marché des taux d’intérêt.
Ces dernières années, les taux d’intérêt ont été maintenus artificiellement bas par les banques centrales. Beaucoup pensaient qu’ils ne se relèveraient jamais. Comme si la faiblesse des taux d’intérêt ne suffisait pas, nous avons même dû nous habituer à des taux d’intérêt négatifs ces dernières années. La Grèce en est un bon exemple. Un pays qui, après la crise financière, n’a retrouvé l’accès aux marchés financiers qu’en avril 2018. 18 mois plus tard, le même pays a même été payé pour emprunter de l’argent. Les Grecs ont alors levé 487 millions d’euros avec une échéance de 13 mois, à un taux d’intérêt négatif de -0,02%.
Il y a les « usual suspects »
De plus, nous voyons aujourd’hui les taux d’intérêt augmenter à nouveau dans les pays du sud de la zone euro, les « usual suspects ». Le taux à 10 ans de l’Italie est à 1,78 %. Un niveau jamais atteint depuis avril 2020, au plus fort de la pandémie. Le taux à 10 ans de la Grèce a également augmenté à 2,55%, le niveau de juin 2019.
Mais l’Europe du Sud n’est pas la seule à être touchée. La Belgique (0,6%), l’Espagne (1,1%) et même l’Allemagne (0,22%) sont également confrontées à une hausse des taux d’intérêt. Si, grâce à l’intervention de la Banque centrale européenne, ces taux d’intérêt restent historiquement bas par rapport à l’inflation, ils le resteront également par rapport à la croissance économique attendue dans la zone euro (4,2% en 2022).
Pour l’instant, il y a donc peu de raisons de paniquer et on ne peut guère parler d’une normalisation de la situation. Nous pouvons plutôt parler d’un ajustement prudent à l’état réel de l’économie.