Les réfugiés donnent un coup de pouce à l’économie suédoise… mais c’est probablement trop tard

En Suède, des élections législatives ont lieu le 9 septembre prochain, et les sondages indiquent que l’immigration est l’un des plus grands sujets de préoccupation pour les électeurs. C’est d’ailleurs le parti des Démocrates Suédois, un parti nationaliste anti immigration, qui devrait remporter le plus grand nombre de sièges. Mais les électeurs suédois ignorent souvent l’importante contribution économique que les immigrés ont apportée au pays, souligne Bloomberg business.

La population actuelle de la Suède est de 10 millions d’habitants, et elle devrait passer à 11 millions d’ici la prochaine décennie. Cette forte hausse est directement imputable à l’immigration : au cours des 5 dernières années, 600.000 réfugiés sont arrivés en Suède. La Suède a accepté plus de migrants par personne que la plupart des autres pays européens pendant la crise des réfugiés de 2015. 

Un sérieux coup de pouce à la croissance économique

« Ces réfugiés et immigrés sont arrivés précisément au bon moment. Je m’inquiète du manque d’incitations [pour travailler] dans le secteur social suédois, mais je ne m’inquiète pas pour les 250 000 réfugiés qui sont arrivés », affirme Lars Christensen,  un économiste qui a fondé une société de consultance, Markets and Money Advisory. (La Suède a un problème peu banal : d’ici 2025, on s’attend à ce que sa population active croisse de 207.000 personnes. Mais simultanément, le pays devra recruter 124.000 nouveaux fonctionnaires, soit 60% de ces nouveaux actifs, une proportion qui semble irréaliste et qui risque de poser des difficultés sur le marché du travail).

Au cours du premier semestre de cette année, le PIB de la Suède a crû de plus de 3 %, un rythme bien plus rapide que celui du reste de la zone euro, qui s’établit à environ 2 %.

Un grand nombre d’immigrés se sont bien intégrés à la main d’œuvre locale

Un  vaste éventail de professions a profité de ce boom, comme le montrent la nature des permis de travail qui ont été délivrés par l’État suédois : développeur informatique, ramasseur de fraises, ou chefs cuisiniers. En particulier, les travailleurs nés à l’étranger ont absorbé tous tous les nouveaux emplois de l’industrie, et 90 % de ceux du secteur social, en particulier dans le domaine des soins de santé et du soin aux personnes âgées.

Récemment, la ministre des finances suédoise, Magdalena Andersson, a indiqué que les nouveaux arrivés trouvaient des emplois 2 fois plus rapidement que les immigrés qui étaient arrivés à la fin de la dernière décennie. En Suède, le taux de participation des immigrés dans la main-d’œuvre est de 82 %, 4 points de pourcentage de plus que la moyenne de l’Union européenne.

L’intégration des immigrés a un coût

Mais il n’est pas toujours facile pour l’économie suédoise d’intégrer ces nouveaux travailleurs, et le taux de chômage de ceux qui sont nés à l’étranger atteint 20 %, contre 6,8 % pour l’ensemble des travailleurs.

Et cet afflux de personnes exerce une pression supplémentaire sur le système social du pays, déjà mis à l’épreuve par le vieillissement de la population. Le pays souffre de la vétusté de ses services sociaux, et de son incapacité à assurer pleinement les fonctions du service public. 

Une étude récente, menée par l’Expert Group on Public Economics, une commission qui dépend du ministère des Finances, est parvenue à la conclusion que les réfugiés qui étaient arrivés récemment coûteraient chacun environ 74 000 couronnes suédoises par an, c’est-à-dire environ 8000 € par an à la société suédoise, et ce, jusqu’à la fin de leur existence. Selon son auteur, Joakim Ruiste, les réfugiés disposent rarement des compétences ou du niveau d’éducation recherchés par les employeurs suédois.

Le parti d’extrême droite donné favori

Ajoutez à cela les faits de délinquance et la forte hausse de la criminalité rapportée par les médias, et il n’est plus si surprenant que les Démocrates suédois menacent d’empêcher les partis traditionnels de cumuler les suffrages nécessaires pour former une majorité solide. Actuellement, ils recueillent un peu plus de 20% d’opinions favorables.

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