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Les prix du pétrole chutent à nouveau : l’OPEP+ ne réussit toujours pas son pari de maintenir les prix hauts

Les prix du pétrole chutent à nouveau : l’OPEP+ ne réussit toujours pas son pari de maintenir les prix hauts
Getty Images

Les récentes coupes dans la production annoncées par l’OPEP et la Russie n’auront pas fait grimper les prix bien longtemps. L’annonce par la Fed du ralentissement de l’économie américaine a de nouveau fait plonger les cours. Mais ce n’est pas le seul facteur.

Pourquoi est-ce important ?

Manier les prix du pétrole est un art délicat. Faites-les grimper trop hauts et ils provoqueront un ralentissement économique. Faites-les descendre trop bas et ils feront réagir immédiatement les monarchies pétrolières. Mais rien n'y fait : depuis des mois, malgré quelques soubresauts, les prix restent bloqués autour de 80 dollars le baril.

Dans l’actu : les prix du pétrole chutent.

  • Le baril de Brent est en baisse de pus de 2% ce jeudi et de plus de 5% sur la semaine, approchant la barre des 80 dollars, à 81,10 dollars à l’heure d’écrire ces mots.
  • Le baril WTI reste toujours un peu moins cher, en baisse de 2,36%, à 77,29 dollars.
  • En début du mois, l’annonce de l’OPEP, menée par l’Arabie saoudite, de réduire sa production d’1 million de barils avait fait bondir les cours, qui ont atteint leur sommet en 2023, proche des 90 dollars. Limiter l’offre, pour faire grimper les prix, une technique vieille comme le monde.
    • Cette baisse de la production a suivi une annonce similaire de la Russie de 500.000 barils par jour.
    • À l’automne, l’OPEP avait déjà essayé de faire remonter les prix en annonçant une réduction de 2 millions de barils par jour.

Entre le billard à trois bandes et le jeu de dupes

Le pourquoi : une demande en berne plombe les prix du pétrole.

Plusieurs facteurs expliquent ce nouveau coup de mou pour l’or noir :

  • L’élément déclencheur a sans doute été le dernier rapport de la Fed qui confirme un ralentissement de l’économie américaine. La demande de prêts des entreprises et des ménages diminue, du fait des taux hauts et de la mini-crise bancaire.
    • L’inflation est en baisse, la croissance de l’emploi ralentit, le marché immobilier s’essouffle, la demande se contracte : les stocks de pétrole des réserves américaines ont rebondi.
  • Ensuite, il y a l’annonce des pays du G7 de maintenir le plafond sur le pétrole russe à 60 dollars, alors que certains le voulaient encore plus bas pour limiter les ressources financières de Poutine. Cette décision a soulagé le marché.
  • Dans les faits, l’embargo et le plafond des prix sont un vrai gruyère : du pétrole russe déguisé arrive toujours par voie maritime dans les ports européens.
    • La dernière étude du centre de recherche finlandais « Center for research on energy and clean air » (CREA) montre que cinq pays blanchissent le pétrole russe pour le refourguer ensuite sur le marché occidental : la Chine, l’Inde, la Turquie, les Emirats arabes unis et Singapour. Les importations européennes de pétrole raffiné depuis tous ces pays ont fortement augmenté.

L’essentiel : les prix du pétrole n’évoluent plus vraiment depuis des mois.

  • Après coup, toutes les tentatives de l’OPEP+ pour faire bondir les prix se sont soldées par un échec. C’était déjà vrai à l’automne dernier, quand la demande chinoise, freinée à l’époque par une politique covid stricte, a plombé les prix.
  • C’était aussi vrai pour l’annonce de la Russie de couper dans sa production, ce qu’elle ne fait pas vraiment d’ailleurs. Et, on l’a vu, entre la Chine, l’Inde, la flotte fantôme et le pétrole blanchi, il reste de nombreux moyens à la Russie pour écouler son pétrole, même si ce n’est pas au prix qu’elle le souhaiterait.
  • Et c’est enfin vrai pour cette dernière tentative de l’OPEP : la demande actuelle s’adapte à l’offre, même réduite. 80 dollars : c’est tout simplement le prix du marché depuis 6 mois.
  • Pourtant, certains spécialistes, dont les analystes de Goldman Sachs, voient toujours le prix du baril de Brent s’envoler à 95 dollars à la fin de l’année, et à 100 dollars en 2024, quand la reprise de la croissance en Europe et aux États-Unis se couplera avec la reprise actuelle de la Chine. D’ici là, toutes tentatives pourraient s’avérer vaines.
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