Les « moissonneuses à vent », l’avenir de l’énergie éolienne ? C’est le pari de chercheurs singapouriens

Le fait que nous traversions une crise énergétique majeure et que les gouvernements peinent à y trouver des solutions systémiques adéquates ne doit pas nous faire perdre totalement de vue qu’il existe des « petites » innovations qui, rassemblées, peuvent peser un poids certain. C’est le cas par exemple des « moissonneuses à vent » développées – depuis 10 ans déjà – par des chercheurs de l’université de Nanyang, à Singapour.

Leur objectif : mettre au point un appareil au prix ultra-modique – on parle de 10 dollars – qui pourra être déployé un peu partout, en particulier en milieu urbain, et qui produira de l’électricité au moindre petit souffle de vent. Lorsqu’il est exposé à des vents d’une vitesse aussi faible que deux mètres par seconde, le dispositif peut produire une tension de trois volts et générer une puissance électrique allant jusqu’à 290 microwatts, ce qui est suffisant pour alimenter un dispositif de détection commercial et pour qu’il puisse également envoyer les données à un téléphone portable ou à un ordinateur. Le dispositif, léger et durable, détourne aussi toute l’électricité non utilisée vers une batterie, où elle peut être stockée pour alimenter des appareils en l’absence de vent.

Gagner de la place et en mettre partout

Si l’engin sera forcément comparé à une éolienne, il ne fonctionne pas avec de grandes pales brassant le vent, mais avec un système d’oscillations. Celui-ci ne suffit pas à approvisionner en électricité une maison entière, certes. Cette technologie est plutôt pensée pour alimenter de petits dispositifs, des ampoules, ou de petits appareils électroniques. Mais l’avantage, c’est qu’on peut les placer partout où circule un vent suffisant, estimé à un déplacement d’air de 2,5 mètres par seconde par les scientifiques singapouriens. On peut les imaginer placés en série sur des ponts, ou sur les immeubles de grands boulevards où s’engouffre le vent.

« Notre recherche vise à remédier à l’absence d’un collecteur d’énergie à petite échelle » contextualise le professeur Yang Yaowen, qui dirige le projet. « Le dispositif que nous avons développé sert également d’alternative potentielle aux petites batteries lithium-ion, car notre moissonneuse éolienne est autosuffisante et ne nécessiterait qu’un entretien occasionnel, et n’utilise pas de métaux lourds, qui, s’ils ne sont pas éliminés correctement, pourraient causer des problèmes environnementaux. »

Plus écologique et économe en ressources

Le système est aussi pensé pour alimenter des capteurs, disposés par exemple à intervalle réguliers dans de grandes structures telles que les ponts afin de contrôler en temps réel leur intégrité. Plutôt que de dépendre de piles qu’il faudrait changer à intervalles réguliers, les Singapouriens, dont l’État n’est autre qu’une mégapole au milieu de l’océan pour qui ce genre d’infrastructure est primordiale, veulent parier sur le vent.

Le système occupe les chercheurs depuis longtemps, mais ceux-ci envisagent une première commercialisation pour 2025. Il sera toutefois d’abord réservé à un usage professionnel, mais on peut parier que l’économie de ressources qu’il représente contribuera à son succès.

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