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Les mauvais chiffres de l’inflation américaine poussent la Fed dans ses retranchements : une hausse des taux d’intérêt de 100 points est désormais probable

Les mauvais chiffres de l’inflation américaine poussent la Fed dans ses retranchements : une hausse des taux d’intérêt de 100 points est désormais probable
Jerome Powell – (Photo by Win McNamee/Getty Images)

C’est en tout cas ce sur quoi misent les traders. Face à l’inflation de 9,1% au mois de juin, une hausse de 0,75% des taux d’intérêt est désormais un minimum absolu.

Récemment, le président de la Réserve fédérale (Fed), Jerome Powell, a rappelé sa volonté « inconditionnelle » à lutter contre la hausse des prix, quitte à ralentir la première économie mondiale.

Or, le rapport de l’inflation américaine pour le mois de juin est tombé, hier, et il est pire qu’attendu : l’inflation s’envole à 9,1%, un record depuis 1981. Une nuance toutefois : les chiffres ont été recueillis avant la récente baisse des produits énergétiques et autres produits de base. En juillet, l’inflation pourrait commencer à baisser à nouveau, mais elle restera élevée quoi qu’il arrive.

Le scénario de base de la Fed était d’augmenter les taux d’intérêt de 50 ou 75 points, comme la fois dernière. Mais les traders, d’après les commentaires des différents banquiers centraux, s’attendent désormais à une hausse de 100 points.

Ne pas répéter les mêmes erreurs

Une telle hausse de 1% n’est en soi pas un problème pour les analystes : « Autant y aller pour de bon », résument-ils ce jeudi dans le Financial Times. En effet, tout le monde sait désormais qu’on n’est qu’au début d’un long processus pour enrayer l’inflation galopante. Non, le souci est que les banquiers centraux annoncent un plan et qu’ils sont obligés, à chaque fois, de le revoir à la hausse, ce qui nuit à la crédibilité de la Fed.

« L’erreur qu’ils ont commise et dont ils ont peut-être tiré les leçons est de se lier les mains et de dire que nous ne relèverons pas plus de 25, 50 ou 75 points de base », a déclaré Diana Amoa, l’une des responsables des investissements chez Kirkoswald, un fonds spéculatif. « Si vous êtes effectivement dépendant des données [de l’inflation], alors vous devez laisser l’option de pouvoir pivoter dans n’importe quelle direction », a-t-elle ajouté. « Ce que les données disent, c’est que la Fed n’en est qu’aux premiers stades de la lutte contre ce dépassement de l’inflation. »

Rendement à 10 ans

Reste que cette hausse de 1 % des taux d’intérêt serait extrêmement agressive et viendrait s’ajouter à la hausse de 0,75 % de juin, la plus importante depuis 1994.

Le rendement du Trésor à 10 ans a d’abord bondi suite à la publication du rapport sur la hausse des produits à la consommation, mais a ensuite rapidement baissé. La raison ? « L’inflation plus élevée signifie que la Fed doit agir de manière plus agressive. L’action plus agressive de la Fed signifie que les risques de récession sont plus probables et qu’une probabilité plus élevée de récession fait baisser les taux », commente pour CNBC, Andrew Brenner, responsable des titres à revenu fixe internationaux chez National Alliance Securities.

BCE

La Fed doit répondre pour la fin du mois de juillet, tout comme la BCE qui relèvera ses taux pour la toute première fois. Le scénario envisagé est bien loin de l’agressivité de la Fed et tablait sur une hausse de 25 ou 50 points. Pour l’heure, la présidente de la BCE, Christine Lagarde, ne s’est pas laissé influencer par les décisions de Jerome Powell. Car la décision de la BCE est éminemment plus politique et se joue dans plusieurs pays. Une hausse des taux d’intérêt signifierait immédiatement une augmentation des charges sur les pays les plus endettés de la zone euro, en particulier la Grèce, l’Italie et l’Espagne.

La BCE doit compter avec une variable de plus que la Fed : les deux banques centrales naviguent entre inflation et récession, mais la BCE doit aussi s’assurer de garder les 19 pays de la zone euro dans le même bateau.

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