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Les jeunes entreprises victimes des taux élevés de la BCE

Les jeunes entreprises victimes des taux élevés de la BCE
Christine Lagarde, la présidente de la BCE. (Getty Images)

Les entreprises belges ont massivement utilisé la décennie de taux d’intérêt ultra-bas (2012-2022) pour réduire leur endettement, selon une étude de la Banque Nationale de Belgique (BNB). Maintenant que cette période est révolue, ce sont surtout les jeunes entreprises qui risquent d’être pénalisées.

Pourquoi est-ce important ?

La Banque centrale européenne peut-elle, par sa politique de taux d'intérêt, orienter la propension des entreprises à investir ? La relation n'est pas aussi claire que cela, selon la conclusion surprenante de l'étude de la BNB. Cependant, l'impact sur la santé financière des entreprises se fait nettement sentir.

Dans l’actu : L’étude examine la période d’environ trente ans de baisse des taux d’intérêt, jusqu’au tournant de juillet 2022. La BCE a alors commencé sa série impressionnante de hausses de taux pour contrer l’inflation galopante.

Surprenant : Selon les manuels d’économie, il existe une relation inverse entre les taux d’intérêt et les investissements des entreprises : plus le taux est bas, plus les entreprises investissent dans de nouveaux équipements. Mais selon les données, cette relation n’est pas aussi limpide.

  • Il s’avère, de manière un peu contre-intuitive, que la période de baisse des taux d’intérêt a coïncidé avec une diminution des chiffres d’investissement, concluent les auteurs. « Les trois décennies de baisse des taux n’ont pas mené à un changement notable dans l’utilisation du crédit bancaire par les entreprises. Elles ne semblent pas avoir intensifié leurs efforts d’investissement. »
  • Bien sûr, d’autres développements structurels ou macroéconomiques pourraient également jouer un rôle, indépendamment des taux d’intérêt. Mais il est frappant de constater que la tendance à la baisse des investissements était perceptible tant dans l’industrie (en perte d’importance) que dans le secteur des services (en croissance).

Cependant : bien que les taux directeurs plus bas n’aient pas conduit à un véritable boom des investissements, ils ont eu un impact favorable évident sur les finances des entreprises. « Les fruits de la baisse des taux sont des coûts de financement réduits, des positions de capitaux plus solides et des réserves de liquidités robustes. » Autrement dit, les entreprises utilisent les périodes de taux bas principalement pour renforcer leurs réserves de trésorerie, plutôt que pour se lancer dans de grands projets d’expansion.

Hausse des taux d’intérêt

À l’inverse : les jeunes entreprises, telles que les startups, n’ont pas pu bénéficier de la longue période de taux quasi nuls. Pire encore : depuis juillet 2022, elles ont subi la hausse des taux la plus rapide de l’histoire de la zone euro. Cela les oblige à lutter d’autant plus pour rester à flot.

  • Ainsi, le taux de dépôt, l’un des taux directeurs de la BCE, est passé de 0% en juillet 2022 à 4% aujourd’hui. Pour comparaison : entre juillet 2012 et juillet 2022, ce taux de dépôt était constamment de 0% et même parfois négatif.
  • « On peut supposer qu’une hausse des taux pourrait avoir des effets opposés, entraînant des marges bénéficiaires réduites pour les entreprises et une capacité de financement interne plus faible », prévient la BNB. « Cela signifie également un recours plus important à l’endettement pour répondre aux besoins en fonds de roulement. Et ce à des coûts élevés, surtout pour les jeunes entreprises qui n’ont pas pu bénéficier de la longue période de faibles taux d’intérêt pour se constituer une trésorerie robuste. »

Conclusion : Les récentes hausses des taux d’intérêt affectent surtout les jeunes entreprises, car elles n’ont pas pu constituer de réserves comme l’ont fait les entreprises plus anciennes.

(SR)

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