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Les grandes coalitions ne fonctionnent pas : l’Allemagne perd elle aussi sa classe moyenne au profit de l’extrême droite

Les grandes coalitions ne fonctionnent pas : l’Allemagne perd elle aussi sa classe moyenne au profit de l’extrême droite
Le chancelier allemand Olaf Scholz aux côtés de la ministre des Affaires étrangères Annalena Baerbock et du ministre des Finances Christian Lindner. (Maja Hitij/Getty Images)

La Fondation Friedrich Ebert, financée par le parti social-démocrate allemand (SPD), mène l’étude Mitte tous les deux ans. Traduisible littéralement par « étude du centre », elle contient des détails statistiques qui dépassent de loin ceux des autres sondages. La conclusion est sombre. On parle d’un virage radical vers la droite parmi les électeurs qui soutenaient auparavant les partis du centre. Cette année, l’étude s’intitulait donc Die distanzierte Mitte.

Pourquoi est-ce important ?

L’étude confirme que de plus en plus d’électeurs centristes allemands voient dans l’AfD (Alternative für Deutschland) la solution plutôt que le problème. Une partie de la société prend donc clairement ses distances par rapport à la démocratie. Les récits de l’extrême droite sur les multiples crises, ses prétendues explications et ses solutions simplistes pénètrent de plus en plus au centre. 
La frontière avec la droite devient plus poreuse.

Dans l’actu : l’étude Mitte montre que 8% des électeurs du centre ont désormais des opinions d’extrême droite. Cela représente une augmentation de 2 à 3% par rapport à il y a deux ans. Par ailleurs, 20% de la population se situe dans une zone grise entre le centre et l’extrême droite.

  • Ces 28% constituent l’étang dans lequel pêche l’AfD. Il faut y ajouter son propre noyau de fidèles, dont la majorité ne fait pas partie de la classe moyenne.
  • L’année dernière, l’AfD a été qualifié de « groupe présumé d’extrême droite » dans un rapport par le Verfassungsschutz  (Office fédéral pour la protection de la Constitution).
  • Le fait que ce parti soit récemment arrivé au pouvoir soulève des questions sur la profondeur que peut atteindre l’extrême droite dans le paysage politique allemand. La question est également de savoir comment les autres partis traiteront ces politiciens radicaux.

6% souhaitent le retour du Führer, 16% ont une aversion pour les étrangers

Les détails : la population étudiée est limitée à un groupe défini comme le centre politique. Non pas en termes de comportement électoral, mais en termes de revenus et de position sociale. La classe moyenne de la société, grosso modo.

  • Il y a eu, chez les sondés, une augmentation marquée de l’antisémitisme, de la croyance en la suprématie blanche et du nationalisme extrême.
  • 6% souhaitent le retour du Führer. 16% ont une aversion pour les étrangers. 34% pensent que les immigrés profitent du système de protection sociale. 38% croient aux théories du complot.

Les grandes coalitions poussent les électeurs du centre vers l’extrême droite

A noter : les analystes ne sont pas surpris par ce glissement du centre vers la droite. Selon EuroIntelligence, le maintien dans le temps de grandes coalitions peut contribuer au virage vers l’extrême droite parmi les anciens électeurs du centre.

  • L’AfD atteint désormais 21 à 22% dans les sondages, ce qui rend difficile la formation d’une coalition pour les partis du centre.
  • Toujours selon EuroIntelligence, les partis allemands pourraient avoir tiré les mauvaises conclusions de la chute de la République de Weimar.

« Les nazis sont arrivés au pouvoir en 1933 non pas à cause de la corruption ou d’une constitution dysfonctionnelle, mais grâce à des coalitions centristes qui avaient mis en œuvre des mesures d’austérité au cours des années précédentes. »

(OD)

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