Les États-Unis ne peuvent pas répondre à la demande en gaz naturel de l’UE

Face à une demande croissante et quelque peu urgente, les États-Unis font un constat difficile: ils ne parviendront pas à répondre aux demandes européennes dans l’état actuel de leurs infrastructures de production de gaz naturel. Et apporter une solution à ce problème ne sera pas chose aisée.

Les États-Unis sont le premier producteur mondial de gaz naturel et deuxième exportateur du globe. Il n’est donc pas surprenant que l’Europe se soit tournée vers eux pour remplacer ses importations russes qui représentent tout de même 44% du gaz naturel importé, poussant les infrastructures américaines à tourner à plein régime. Malheureusement, les deux piliers de la production américaine – situés dans la région des Appalaches et dans l’ouest du Texas – font face à une croissance lente depuis quelques années, ce qui ne présage rien de bon pour les plans de sanctions de l’UE envers la Russie.

Construire de nouveaux pipelines

Alors que la croissance moyenne annuelle pour les Appalaches était de 36% par de 2010 à 2019, elle n’était plus que de 4% en 2020 et 2021 et il ne faut malheureusement pas s’attendre à une amélioration sur le court terme. Même constat pour le producteur du Permian Shale, deuxième plus grand bassin d’approvisionnement en gaz du pays, dont la croissance moyenne était de 17% de 2012 à 2020. Elle est passée à seulement 8% en 2021.

Tant que de nouveaux pipelines ne seront pas construits pour extraire davantage de gaz naturel et pour l’exporter, la croissance ne reprendrait pas de si tôt, a averti EQT Corp. lors de son appel aux résultats. Une prévision que partagent les analystes de Bank of America. Les Appalaches « se rapprochent des limites de capacités de livraison », ont-ils indiqué.

Un problème qui n’est pas nouveau et dont sont bien conscients les exploitants, c’est pourquoi plusieurs solutions ont été avancées, mais ces dernières n’ont pour l’instant toujours pas été concrétisées. Un projet géant d’un nouveau pipeline devait voir le jour sur la côte atlantique, mais celui-ci a été annulé en 2020 en raison de l’augmentation de ses coûts qui sont passés de 6 à 6,5 milliards de dollars à 8 milliards de dollars.

Un autre projet chapeauté par l’Equitrans Midstream Corp. traine en longueur en raison de poursuites judiciaires en cours. « Ce projet pourrait être le dernier grand pipeline de gaz naturel entièrement nouveau à être mis en service à l’est du Mississippi pendant un certain temps », ont déclaré les analystes de ClearView Energy Partners. Cette ligne baptisée Mountain Valley ne devrait pas entrer en service avant mi-2023.

En raison de la forte demande provenant de l’Europe et d’une croissance limitée, les prix de références du gaz devraient atteindre les 4,24 dollars par millions d’unités thermiques britanniques en 2022, préviennent les analystes. Il s’agira de la plus moyenne annuelle la plus élevée en 8 ans.

À l’heure actuelle, les États-Unis ne sont pas une vraie solution

Les plus grandes économies européennes importent environ 500 millions de mètres cubes par jour (18,3 milliards de pieds cubes par jour) de gaz naturel en provenance de Russie. Dans l’état actuel des choses, les États-Unis ne peuvent en exporter que la moitié (9,8 milliards de pieds cubes par jour), sous la forme de gaz naturel liquéfié.

Se sevrer des importations russes avec l’aide américaine ne sera donc pas suffisant, mais les États-Unis pourraient malgré tout aider l’Europe à mettre la pression sur Moscou, mais surtout à contourner la réponse russe aux sanctions européennes.

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