Alors que plusieurs pays européens tergiversent quand à l’avenir de leurs centrales nucléaires, les États-Unis foncent sur l’atome pour lutter contre le réchauffement climatique.
L’administration Biden vient de délivrer une enveloppe de 6 milliards de dollars pour retaper les centrales nucléaires américaines menacées de fermeture. Selon les responsables américains, l’énergie nucléaire est une solution vitale pour lutter contre le réchauffement climatique.
« Les centrales nucléaires américaines fournissent plus de la moitié de notre électricité sans carbone, et le président Biden s’est engagé à maintenir ces centrales actives pour atteindre nos objectifs d’énergie propre », a déclaré la secrétaire à l’Énergie, Jennifer Granholm, dans un communiqué.
« Nous utilisons tous les outils disponibles pour que ce pays soit alimenté par une énergie propre d’ici 2035, et cela inclut de donner la priorité à notre parc nucléaire existant pour permettre une production continue d’électricité sans émissions et une stabilité économique pour les communautés menant cet important travail », a-t-elle poursuivi.
Pour deux tiers des États américains, le nucléaire permettra de remplacer les combustibles fossiles. Le projet de financement de l’administration Biden n’est donc pas surprenant.
Sauver les centrales en difficulté
Il s’agit du plus gros investissement fédéral jamais conclu pour sauver les réacteurs nucléaires en difficulté financière, rapporte l’Associated Press. L’enveloppe de 6 milliards de dollars servira ainsi à éviter que les propriétaires et autres exploitants de centrales nucléaires ne soient contraints de fermer prématurément leurs infrastructures en raison des difficultés financières qu’ils rencontrent.
Ceux qui ont déjà annoncé leur intention de fermer seront les premiers à pouvoir bénéficier de l’aide fédérale. Les seconds seront les installations les plus à risque économiquement.
Disparition précoce des centrales
Au cours de la dernière décennie, une douzaine de réacteurs nucléaires commerciaux américains ont été fermés avant l’expiration de leur licence, en raison de la concurrence du gaz naturel moins cher, des pertes d’exploitation massives dues aux bas prix de l’électricité et au coût des réparations majeures, rappelle l’Associated Press. La plupart des centrales ont en effet été construites entre 1970 et 1990, elles sont donc aujourd’hui plus que vieillissantes, ce qui augmente les coûts d’exploitation.
La fermeture de ces centrales a eu pour effet pervers d’augmenter les émissions de CO2 dans les régions où les réacteurs ont été fermés, rendant la qualité de l’air moindre. De plus, des milliers d’emplois ont été perdus, ce qui a porté un coup aux économies locales, selon le Département de l’Énergie (DoE) américain.
La fermeture de 7 autres réacteurs d’ici à 2025 a déjà été annoncée. Or, si les réacteurs ferment avant l’expiration de leurs licences, les centrales à combustibles fossiles combleront probablement le vide et les émissions augmenteront, ce qui serait un coup substantiel dans la lutte contre la crise climatique, a déclaré Andrew Griffith, secrétaire adjoint par intérim pour l’énergie nucléaire au DoE.
D’autres sources d’énergie verte
Si la plupart des États misent sur le nucléaire comme source d’énergie « verte » pour réduire leurs émissions de CO2 et ainsi, aider à la lutte contre le réchauffement climatique, la Californie planche plutôt vers les énergies solaire et éolienne. Un pari risqué pour cet État de 40 millions d’habitants. Les avis sceptiques sont nombreux, mais le fait que l’énergie éolienne ait pour la première fois dépassé l’énergie nucléaire aux États-Unis donne de l’espoir. Mais comme le soulignent souvent les pro-nuke, ces énergies sont intermittentes et ont besoin du nucléaire pour compenser.