Les 50 plus grandes sociétés de la planète se portaient bien avant la pandémie. Mais maintenant, elles se portent encore mieux.
La valeur boursière des plus importantes entreprises a augmenté de 4.500 milliards de dollars en 2020, ressort-il d’une nouvelle étude de Bloomberg Economics. Cela représente près de 28% du PIB mondial. Voilà des chiffres intéressants pour les décideurs politiques en quête d’une meilleure régulation des géants industriels.
Leur marge bénéficiaire a grimpé en flèche sur les trois dernières décennies, passant d’un taux médian de 6,9% en 1990 à 18,2% l’année dernière. Et parallèlement, ces mastodontes économiques paient toujours moins d’impôts, leur taux d’imposition effectif médian ayant fondu de moitié, à 17% en 2020. Il y a une trentaine d’années, McDonald’s amputait ses revenus d’environ 36% pour honorer les diverses taxes. De nos jours, une multinationale telle qu’Alphabet, la maison-mère de Google, est plutôt à 16%.
Quant aux embauches, la proportion des revenus consacrés aux investissements créateurs d’emplois s’est elle aussi recroquevillée. En 1990, la plus grande société cotée au monde de l’époque, IBM, allouait 9% de ses revenus aux dépenses d’investissement. À titre comparatif, l’actuelle reine des sociétés cotées, Apple, a investi 3% de ses revenus.
Des inégalités plus flagrantes pendant la crise sanitaire
Les positions avantageuses de ces principaux acteurs économiques ont détoné en pleine conjoncture pandémique. Il faut reconnaître que des géants comme Amazon disposent de modèles commerciaux sur mesure pour un monde confiné où régnait la distanciation sociale. Sans oublier que certaines mesures gouvernementales de soutien financier ont plus largement profité à de grands groupes qu’aux PME et petits indépendants.
Ce qui a ravivé une volonté d’interventionnisme politique pour harmoniser les règles du jeu, tenter de gommer les inégalités sociales, et relancer les débats d’une taxe minimale mondiale, auquel l’actuel président américain Joe Biden s’est montré sensible. Mais le dossier reste épineux et même l’administration Biden propose désormais un taux minimum de… 15%.
L’Europe en perte de vitesse ?
La géographie des entreprises cotées a aussi fortement changé, souligne Businessweek. Aucune société chinoise ne s’était hissée dans le classement à la fin du XXe siècle. En 2020, on en dénombre désormais 8, après un jeu de chaise musicale visiblement au détriment des entreprises européennes (qui ne sont plus que 7, contre 15 sur la même période).
Simultanément à ce glissement vers de l’économie mondiale, l’étude reflète par ailleurs une profonde évolution des activités des plus grandes entreprises. Les techs s’imposent dans le peloton de tête, avec des Microsoft, Alphabet, Facebook, Tencent, Tesla et autres Alibaba. Tandis que les acteurs des énergies fossiles disparaissent, à l’exception du géant saoudien Aramco.
Un défi pour les politiques budgétaire et monétaire
Il convient de souligner que ces mégacorporations ont amassé l’année dernière 1.800 milliards de dollars en trésorerie. Autrement dit, ces entreprises n’ont plus besoin d’emprunter pour financer leurs dépenses. Une réalité comptable qui vient faire de l’ombre à la théorie de relance des banques centrales selon lesquelles la baisse des taux d’intérêts stimulent la croissance en alimentant l’emploi et les investissements.
Avec de juteux bénéfices, des taxations allégées et un besoin limité de capitaux ou même de travailleurs, les plus grandes sociétés de la planète posent en fait un nouveau défi pour les politiques monétaires et budgétaires.
En tout cas, ces donnés montrent que ‘le dynamisme du marché est toujours à l’œuvre et qu’atteindre le sommet n’est pas une garantie d’y rester’, conclut Businessweek.
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