Evergrande doit proposer un plan de restructuration de sa dette à des créditeurs étrangers. Certains sont impatients et ont menacé d’intenter des actions en justice.
Entre Evergrande et ses créditeurs étrangers, la situation est tendue. Le géant de l’immobilier doit leur proposer un plan de restructuration de la dette, et demande plus de temps pour « examiner, évaluer et mesurer de manière exhaustive le nombre de solutions potentielles avant de pouvoir s’engager de manière responsable dans des négociations de fond avec les créanciers étrangers », indique le promoteur en difficulté financière dans un document introduit à la bourse de Hong Kong, cité par CNN.
Dans un autre document, il demande aux créditeurs « de faire preuve de patience en s’abstenant de prendre des mesures juridiques agressives ». Des mesures qu’il craint, et qui pourraient avoir des résultats « destructifs ».
Menace d’actions en justice
C’est que les créditeurs sont sur les nerfs. Jeudi dernier, ils indiquaient « envisager sérieusement d’intenter des actions en justice ». Ils estiment qu’Evergrande ne s’engage pas assez pour réorganiser la dette. Le cabinet d’avocats Kirkland & Ellis et la banque d’investissement Moelis & Co représentent un groupe de créditeurs. Ceux-ci estiment que le comportement du promoteur « endommage la vision depuis l’étranger » sur le traitement auquel ont droit les personnes qui investissent dans des entreprises chinoises. Ils se sentent fortement lésés, et indiquent être « prêts à prendre toutes les mesures nécessaires pour défendre avec véhémence leurs droits légaux et protéger leurs intérêts légitimes. »
Suite à ce ton ferme, Evergrande, qui fait face à des dettes valant 300 milliards de dollars, dont 19 milliards sont détenus en dollars, par des fonds d’investissement et des banques étrangères, a promis d’engager plus de conseillers légaux et financiers.
Restructuration d’une dette chinoise
Evergrande risquait d’être en défaut de paiement d’une dette chinoise, à hauteur de 4,5 milliards de yuans (630 millions d’euros ou 700 millions de dollars). Mais un accord a pu être trouvé avec les créditeurs, pour reporter les paiements.
Dans le même temps, d’autres promoteurs commencent à rencontrer des soucis financiers. Le groupe Shimao a par exemple dû vendre des parts dans des actifs lundi, et des terrains la semaine passée, ce qui lui a rapporté quasi trois milliards de yuans.
Certains craignent une contamination du secteur entier, voire de l’économie chinoise (où l’immobilier représente 30% du PIB) par cette crise de la dette. Le gouvernement chinois a placé ses hommes au sein d’Evergrande, pour l’aider à reprendre la situation en main, mais aucun plan de sauvetage ne serait sur la table. Il indique surtout vouloir défendre les propriétaires, qui pour la plupart ont déjà payé leurs biens, et qui attendent.