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Les consommateurs veulent des commodités 24h/24 et 7j/7, alors que les supermarchés ne trouvent pas de personnel, mais avons-nous besoin de tant de supermarchés ?

Les consommateurs veulent des commodités 24h/24 et 7j/7, alors que les supermarchés ne trouvent pas de personnel, mais avons-nous besoin de tant de supermarchés ?
De stakingen van deze week zijn nog maar een voorproefje van wat onze economie te wachten staat als gevolg van de arbeidsschaarste (Foto: Valeria Mongelli/Bloomberg via Getty Images)

Il y a encore deux certitudes dans le monde. Chaque année, de plus en plus de supermarchés apparaissent et chaque année, ces supermarchés font des pieds et des mains pour recruter du personnel, surtout en ces temps de pénurie de main-d’œuvre. La question n’est pas de savoir s’ils peuvent trouver des travailleurs « motivés » – c’est presque impossible – mais si nous avons besoin d’autant de supermarchés qui doivent être ouverts tous les jours.

Du travail, mais pas de candidats

Les chiffres de l’inoccupation de postes sont éloquents. Les grandes chaînes recherchent d’urgence beaucoup de personnel.

  • Lidl : 116 offres d’emploi
  • Colruyt : 700
  • Albert Heijn : 390
  • Delhaize : 200
  • Aldi : 153

Un record : plus de 4000 supermarchés en Belgique

Les supermarchés sont un phénomène relativement récent. Fondés en 1930 aux États-Unis, ils ont connu une forte croissance, car ils offraient des économies d’échelle en matière d’achat par rapport au détaillant local. Ils offrent également une certaine « commodité » en proposant un assortiment beaucoup plus large, un grand parking et souvent des heures d’ouverture plus tardives.

En attendant, il n’y a pas que des « supermarchés ». Il existe des hypermarchés, particulièrement populaires en France, des discounters comme Lidl et Aldi, des supermarchés spécialisés qui se concentrent sur les aliments biologiques, par exemple. Récemment, des acteurs en ligne ont rejoint les rangs, proposant des livraisons à domicile. Toutes ces initiatives cherchent à se faire une place dans un paysage de supermarchés déjà extrêmement dense.

Comme si cela ne suffisait pas, de grands acteurs étrangers ne cessent d’arriver. Nous sommes même en passe d’atteindre plus de 4.000 supermarchés en Belgique. Nous avons également plus de supermarchés par habitant que les Pays-Bas, qui comptent 6 millions d’habitants de plus. En Flandre, nous avons d’abord vu le géant Albert Heijn entrer sur notre marché et c’est maintenant à Jumbo de vouloir augmenter sa présence sur le marché belge, après l’invasion allemande de Lidl et Aldi.

 Source : RetailSonar (chiffres de 2019)

Encore un avantage : des prix plus bas ?

On pourrait dire que les prix sont beaucoup plus bas ici. C’est le phénomène de la concurrence et du capitalisme sauvage dont bénéficie le consommateur. Mais là encore, ce n’est pas vrai. Les prix des supermarchés sont en moyenne 11,82% moins élevés en Allemagne, 11,42% moins élevés aux Pays-Bas et 8,34% moins élevés en France.  Bien sûr, il y a de petites guerres de prix entre les chaînes, mais dans l’ensemble, le jeu n’est pas si agressif ici.

La solution évidente, partie 1 : moins de supermarchés

La plus grande solution pour résoudre la pénurie de personnel est de réduire le nombre de supermarchés. Nous avons déjà beaucoup trop de supermarchés en Flandre.

La raison en est quelque peu bizarre parce que la demande est là. Oui, il est pratique d’avoir un supermarché partout, mais avons-nous vraiment besoin d’en avoir six par village ? La « commodité » est un atout et les petits supermarchés en ville, accessibles à pied, enrichissent l’expérience du consommateur. Mais il reste à savoir si chaque marque doit être présente et si nous voulons des grappes de supermarchés qui prennent de plus en plus de place.

La principale raison est le manque de créativité dans la gestion. La direction de ces chaînes veut la croissance pour le plaisir de la croissance. Cela renforce leur position et justifie leur salaire. Être « grand, plus grand, plus grand » est le mantra et la part de marché prévaut, quel qu’en soit le prix. C’est comme des gorilles qui se battent constamment l’un contre l’autre et qui se fatiguent, mais qui continuent à avancer malgré leur bon sens. Aldi compte sur Lidl pour abandonner. Lidl espère à son tour que Carrefour s’essoufflera, et ainsi de suite. Mais ce sont tous de grands acteurs au souffle très long.

Ainsi, de nouveaux magasins continuent d’ouvrir et la pénurie d’emplois devient de plus en plus aiguë.

La solution évidente, partie 2 : des heures d’ouverture plus courtes

Nous sommes sur la voie de la fameuse économie de la « commodité 24/7 », où vous pouvez faire vos achats quand vous le souhaitez. Mais pourquoi les colis doivent-ils être livrés le samedi et le dimanche et pourquoi tous les magasins doivent-ils être ouverts le dimanche ? On peut arguer que rien ne peut être fait contre cette évolution et qu’elle est somme toute agréable et pratique.

Le résultat est que nous évoluons vers la solution la moins idéale.

La solution choisie : moins de service

De même que nous effectuons nous-mêmes nos opérations bancaires, que nous saisissons nous-mêmes nos offres d’emploi, que nous réservons nous-mêmes nos voyages, bref, que nous faisons tout nous-mêmes, nous devrons également faire nous-mêmes tous les achats. Le self-scanning va prendre de plus en plus d’importance et même les magasins sans personnel vont se multiplier, même s’ils sont sans âme.

Nous devons également tenir compte du fait que nous aurons de nombreux supermarchés avec un personnel bien trop peu nombreux qui ne pourra aider personne, y compris les personnes âgées ou handicapées, à faire ses courses. Une autre conséquence est que les employés existants qui ne sont pas malades devront faire le travail des malades, alors qu’ils ont déjà plus de travail parce que les postes vacants n’ont pas été pourvus. Cela entraînera à son tour davantage de grèves, ce qui fera encore baisser le service.

Un peu moins de confort ne serait-il pas mieux ?  Le personnel du supermarché nous remerciera.


Xavier Verellen est un auteur et un entrepreneur.

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