Les Britanniques sont maintenant majoritairement opposés au Brexit

En Grande-Bretagne, la plupart des circonscriptions englobent désormais une majorité d’électeurs qui souhaitent que leur pays reste dans l’UE. C’est le résultat d’une étude dont le journal The Guardian a eu connaissance.

112 des 632 circonscriptions britanniques qui avaient voté en faveur du divorce avec l’UE ont maintenant changé d’avis, et soutiendraient le camp du “Remain”, favorable au maintien dans l’UE. Au total, il y aurait maintenant 341 sièges en faveur du camp du “remain” en Grande-Bretagne, contre 229 lors du référendum. C’est ce qui ressort d’une nouvelle analyse réalisée par la société d’analyse des consommateurs Focaldata. Cette étude a été commandée conjointement par Best for Britain, qui fait campagne contre le Brexit, et le groupe anti-raciste Hope Not Hate.

Les chercheurs ont compilé les résultats de deux sondages YouGov menés sur un échantillon de plus de 15 000 personnes, avant et après que Theresa May a publié son projet de d’accord, le 6 juillet dernier.

Surtout des électeurs du Labour

Les résultats de leurs travaux suggèrent que ce renversement provient largement des électeurs du Labour (le parti socialiste britannique) qui soutenaient le Brexit. En effet, la tendance est la plus marquée dans le nord de l’Angleterre et au pays de Galles, pays où les sentiments semblent changer.

En Écosse, un siège a basculé de l’autre côté; 97 ont fait de même en Angleterre, comme 14 des 40 sièges du pays de Galles. Au total, le soutien pour le maintien dans l’UE atteindrait actuellement 53%, contre 47% en faveur du départ de l’UE. En juin 2016, 48,1% d’électeurs britanniques avaient choisi le maintien au sein de l’UE, contre 51,9% en faveur du divorce.

Remarquablement, les circonscriptions de deux grands ténors en faveur du Brexit, celle de Uxbridge and South Ruislip, de l’ex-ministre des Affaires étrangères Boris Johnson, et celle de Surrey Heath, de l’ex-ministre de la Justice Michael Gove, ont toutes deux viré dans l’autre camp.  

Le vote du Brexit en 2016 avait dépassé les clivages politiques traditionnels

Une étude menée par NatCen Social Research en 2016, après le Brexit, a révélé que le vote avait dépassé les clivages habituels entre les différents partis, et que les électeurs les plus susceptibles d’opter pour le Brexit étaient les personnes peu qualifiées, avec de faibles revenus, habitant le plus souvent dans des logements sociaux. Les électeurs blancs plus âgés se considérant plus “Anglais” que “Britanniques”, qui estimaient que la Grande-Bretagne avait “empiré” au cours de la dernière décennie, figuraient également parmi les plus enclins à faire le même choix.

« La victoire du ‘Leave’ (‘partir’) n’était pas qu’une affaire de démographie, même s’il est clair que l’âge, le niveau de scolarité, le revenu et le lectorat des journaux étaient tous liés à la probabilité d’un vote en faveur du départ. Les questions d’identité étaient également, voire encore plus fortement, associées au vote pour le Brexit- en particulier le sentiment d’identité nationale et le sens d’une évolution de la Grande-Bretagne au fil du temps », avaient constaté les chercheurs.

Le facteur démographie est déterminant

Deux chercheurs de l’Université de Manchester, Rob Ford et Maria Sobolewska, avaient démontré que même si le sentiment de la population britannique à l’égard du Brexit n’avait pas changé, les tendances démographiques du pays seraient suffisamment importantes pour réduire le soutien en faveur du départ de 2% en 2019, de 4% en 2021 et de plus de 7% en 2026. Ils attribuent cette conclusion à l’élévation du niveau d’éducation, à l’augmentation de la diversité ethnique du pays, et au changement de génération.

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