La New Development Bank (NDB), alternative des BRICS à la Banque mondiale, commencera à prêter en real brésilien, en rand sud-africain et en roupie indienne. Les pays émergents cherchent ainsi à se détacher davantage du dollar dominant.
Les BRICS intensifient l’utilisation de leurs propres monnaies, délaissant davantage le dollar, tout en restant discret sur le rouble

Pourquoi est-ce important ?
Le roi dollar, toujours de loin la monnaie dominante sur la scène internationale, perd en popularité dans une partie du monde. Les économies en développement qui s'éloignent du dollar représentent une tendance croissante. Avec la NDB en tant qu'institution non occidentale, le bloc des BRICS voit l'opportunité, en plus d'emprunter en renminbi chinois, de prêter dans les monnaies du Brésil, de l'Inde et de l'Afrique du Sud. Pour l'instant, on ne parle pas du rouble russe, en raison des sanctions.- Avec cette démarche, la NDB souhaite obtenir un système financier plus diversifié. Outre les avantages de l’utilisation du dollar, il existe également des risques associés à l’utilisation d’une monnaie dont on ne contrôle pas directement la politique monétaire. Qui plus est quand on est sous le joug des sanctions de ce pays.
- Dilma Rousseff, ancienne présidente du Brésil et actuelle dirigeante de la NDB, a déclaré au Financial Times que la NDB emprunterait cette année « entre 8 et 10 milliards de dollars », tentant de prêter 30% de ce montant en monnaies locales. Les prêts à l’Afrique du Sud se feront donc en rand, ceux au Brésil en real et ceux à l’Inde en roupie. Les prêts en renminbi chinois existent déjà.
- En empruntant dans sa propre monnaie, une partie du risque de change disparaît. En effet, si la monnaie nationale se déprécie par rapport au dollar, le remboursement du prêt peut soudainement coûter plus cher. De même, lorsque la Fed décide d’augmenter les taux d’intérêt, cela pose problème pour ceux qui doivent rembourser en dollars.
- De plus, la NDB est plus flexible en ce qui concerne les conditions de prêt. Lorsque le FMI ou la Banque mondiale prêtent de l’argent, c’est souvent lié à des conditions politiques ou stratégiques, excluant certains régimes. Pour la NDB, qui peut prêter une somme certes plus modeste, ces critères ne sont pas aussi stricts.
- Certains pays, dont les valeurs ne sont pas toujours en phase avec celles de l’Occident, voient donc l’institution basée à Shanghai comme un partenaire commercial attrayant imposant moins d’exigences « compliquées ». Des pays comme l’Iran, l’Arabie Saoudite et Cuba aimeraient ainsi devenir membres, pour n’en nommer que quelques-uns.
- Les opérations de la NDB avec la Russie, qui détient 18,98 % des parts, sont temporairement suspendues en raison des sanctions. « On ne peut nier l’existence du système financier international. Il faut faire avec », a déclaré Rousseff à ce sujet.
Dé-dollarisation
- En empruntant dans leur propre monnaie, la souveraineté des pays est renforcée. Les investissements et le commerce dans la monnaie nationale ont des avantages pour l’économie intérieure.
- L’abandon du dollar n’est pas un concept inventé par les BRICS. Outre les pays traditionnels des BRICS, le Kenya, le Pakistan, le Bangladesh, l’Arabie Saoudite et la Malaisie ont également pris des mesures en ce sens. Mais pour l’heure, le dollar reste ultra-dominant.
- En plus des pays BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud), l’Égypte, le Bangladesh et les Émirats Arabes Unis sont aussi membres de la banque d’investissement créée en 2015. L’Uruguay est lui dans les phases finales de l’adhésion.
- « Nous allons nous transformer en une banque importante pour les pays en développement et les marchés émergents », a déclaré Rousseff. Lors de la réunion des BRICS, plus de 60 chefs d’État ont été invités, dont au moins 40 sont intéressés à rejoindre. La Chine verrait d’un bon oeil une expansion de ce groupe pour peser contre l’Occident.
BL