Les appartements de l’ère soviétique ruinent les objectifs de performance énergétique de l’UE

Dans les Etats baltes, les immeubles construits sous l’ère soviétique sont inefficaces d’un point de vue énergétique. Alors qu’ils n’étaient censés durer que quelques décennies, une majorité de la population vit encore dans ces appartements ternes et lugubres. Or, pour l’Europe qui a l’intention d’être neutre sur le plan de son empreinte carbone en 2050, ces édifices fréquents en Lituanie, d’Estonie et de Lettonie, des pays membres de l’UE, sont un frein à ses objectifs de performance énergétique.

Surnommés « khrushchyovka » en hommage à Nikita Khrouchtchev, ces immeubles uniformes constitués de panneaux préfabriqués ont été construits dans les années 60 pour loger les travailleurs de toute l’Union soviétique. De nos jours, le décor brutaliste (Le brutalisme est un style architectural fonctionnel, très populaire dans les années 60, caractérisé par la répétition des fenêtres, l’absence d’ornements et le caractère brut du béton armé) de ces quartiers sert souvent de toile de fond pour des expositions d’art ou des vidéos de hip-hop. Récemment, la série télévisée Chernobyl a été tournée à Fabijoniskes, un quartier à l’arhitecture sovétique de Vilnius, la capitale de la Lituanie.

L’ère soviétique

Ces appartements ne devaient pas durer plus de 30 ans, explique The Economist. Mais dans les Etats baltes, 68 % des habitants vivent encore dans des appartements, soit le taux le plus élevé d’Europe. Toutefois, vivre dans ces appartements est loin d’être agréable.

En effet, outre qu’ils sont lugubres et ternes, ces immeubles sont aussi très mal isolés. En conséquence, leur chauffage coûte extrêmement cher. En Lituanie, par exemple, chauffer un appartement de trois pièces durant les mois où les températures sont les plus basses peut représenter 20 % du salaire moyen. Souvent, ces appartements sont occupés par des personnes âgées, à faibles revenus, qui ont du mal à prendre en charge ces coûts. Beaucoup de ces appartements dépendent d’un système de chauffage central de quartier, auquel il est impossible de se déconnecter. Il n’est pas non plus possible de changer de fournisseur. En hiver, les batailles acharnées des habitants autour du thermostat sont fréquentes.

L’Union européenne

L’architecture soviétique est également un défi majeur sur le plan politique. L’Union européenne a pour objectif d’être neutre sur le plan de son empreinte carbone d’ici 2050. Le secteur du logement, qui consomme 40 % de l’énergie totale de l’UE et rejette 36 % de dioxyde de carbone, est celui qui nécessite les plus grands changements.

L’Europe a décrété que d’ici 2020, les nouveaux bâtiments ne devraient consommer presque aucune énergie. Par conséquent, il est difficile de savoir que faire des anciens immeubles. Les démolitions de masse sont souvent coûteuses et très impopulaires. En 2017, Moscou a annoncé qu’elle démolirait 8.000 appartements de l’ère Khrouchtchev, une mesure qui a suscité de vives protestations. La rénovation des anciens appartements posent également problème. Ces travaux sont souvent très coûteux et les parties concernées parviennent rarement à se mettre d’accord sur le prix. Les trois pays baltes offrent des subventions publiques, mais jusqu’à présent, leur succès a été limité. Par ailleurs, les résidents ne comprennent pas le besoin de rénovation. Comme les plus pauvres d’entre eux reçoivent des aides sociales pour les aider à payer leur chauffage, ils ne sont pas vraiment incités à entreprendre des travaux de modernisation.

SmartEnCity

Une approche plus pratique était donc nécessaire. SmartEnCity, une iniitative financée par l’UE, a récemment réussi à transformer trois blocs de khrushchyovka en « maisons intelligentes » à haut rendement énergétique à Tartu, en Estonie. Les bâtiments ont déjà reçu le nouveau surnom « smartovka ». Ces appartements ont été transformés en un lieu de vie offrant une qualité de vie élevée.

Pour la première fois, les résidents pourront, entre autres, surveiller et contrôler leur propre consommation d’énergie. L’objectif est de réduire de deux tiers la consommation énergétique.

Le fait que ce soit une autre entité qui gère et leur explique le projet a poussé les habitants à accepter de contracter des emprunts et à remettre leurs clés pour les travaux de rénovation. L’Estonie compte environ six mille immeubles résidentiels construits pendant l’ère soviétique. D’autres villes estoniennes ainsi que des villes de Lettonie et de Lituanie sont intéressées par l’initiative de SmartEnCity. La Pologne et la Bulgarie qui comptent également de nombreux immeubles de l’ère soviétique ont également fait part de leur intérêt.

Plus