Peu de secteurs auront autant souffert à cause de la crise du coronavirus que celui de l’aviation. Selon l’Association internationale du transport aérien (IATA), les gouvernements du monde entier avaient déjà promis à la fin du mois de mai 123 milliards de dollars d’aide aux compagnies aériennes en difficulté. Mais toujours d’après l’organisation, leur dette cumulée atteindra d’ici la fin de l’année les 550 milliards de dollars. Fin 2019, ce montant s’élevait encore à 430 milliards de dollars.
Entre-temps, la demande dans le transport aérien est à nouveau en hausse dans diverses régions, mais les vols ‘de masse’, comme c’était la norme avant que le coronavirus ne frappe, sont encore loin d’être une réalité. Les spécialistes du secteur craignent qu’il ne faille des années pour que la situation revienne à son niveau d’avant.
Depuis qu’elles ont vu leurs rentrées d’argent partir en fumée ces derniers mois, les compagnies aériennes sont désormais prêtes à se tourner vers des sources de revenus pour lesquelles elles ne montraient guère d’enthousiasme auparavant.
L’une d’entre elles est la formule d’abonnement, un concept introduit par e.o. Caravelo, une société espagnole spécialisée dans le développement de logiciels pour les compagnies aériennes.
‘Ces dernières comprennent qu’elles doivent passer à un mix de recettes entre transactions et abonnements’, estime le PDG, Iñaki Uriz, sur le site web de Skift. Ces derniers mois, il dit avoir constaté un intérêt croissant pour les formules d’abonnement. Cependant, sa société n’a pu parapher qu’un seul contrat au cours des deux dernières années, avec la peu connue compagnie mexicaine low cost Volaris.
Une enquête menée par l’agence Pros montre que 80% des personnes interrogées souhaiteraient une telle formule d’abonnement.
Comment ça marche?
Volaris a cherché et trouvé l’inspiration dans les formules d’abonnement utilisées par les nouveaux géants que sont Netflix, Spotify ou encore iTunes. L’objectif est de fidéliser les clients pendant une période plus longue à un prix avantageux.
Les personnes intéressées s’inscrivent pour une durée minimale de 12 mois. Ce qui leur donne droit à un vol intérieur par mois pour un montant fixe. Ce vol est facturé sur base mensuelle. Un aller-retour coûte en moyenne 27 euros, taxes d’aéroport non comprises. Celles-ci sont souvent plus élevées que l’abonnement lui-même. Les passagers peuvent également commander des services supplémentaires (bagages à main, bagages supplémentaires…) moyennant paiement. En moyenne, un abonné n’utilise que cinq de ses douze vols.
Bien sûr, le programme ne tenait pas compte du fait qu’une pandémie rendrait les vols pratiquement impossibles, mais Volaris a envoyé un message à ses 30.000 clients: les abonnements seront prolongés de 12 mois. Et Volaris offre également un ou deux vols supplémentaires en prime.
Qu’est-ce qui arrête les compagnies aériennes?
Les formules d’abonnement présentent néanmoins deux inconvénients pour les compagnies aériennes. Premièrement, le logiciel de réservation de ces compagnies n’est généralement pas équipé pour traiter ce type de formules. Cela signifie que de nouveaux logiciels doivent être développés ou que tout doit être sous-traité à des sociétés spécialisées comme Caravelo.
Le deuxième problème est que personne ne sait à l’avance comment tarifer précisément ces formules d’abonnement afin de générer des bénéfices supplémentaires, sans cannibaliser les revenus existants. Les voyageurs en last minute étaient souvent prêts à payer des prix astronomiques pour pouvoir monter à bord d’un vol in extremis.
Cependant, la crise du coronavirus a indirectement résolu ce second problème, selon Iñaki Uriz. La plupart des avions sont à peine remplis à 20%, c’est donc le bon moment pour tester de telles formules d’abonnement.
Pourquoi? Les compagnies aériennes ont peu d’autres choix. Soit elles investissent dans la publicité et offrent de grosses réductions pour transporter un passager une seule fois. Soit elles optent pour la formule d’abonnement, avec laquelle elles mènent la même campagne publicitaire, mais engagent le voyageur pendant une année entière.
Et selon Uriz, les formules d’abonnement peuvent également varier. Par exemple, les personnes intéressées peuvent opter pour un voyage par trimestre au lieu d’un par mois.