Une augmentation de capital de la Silicon Valley Bank a semé la panique parmi les investisseurs. Les analystes notent que les marges bénéficiaires des banques sont de nouveau sous pression, les épargnants exigeant des rémunérations plus élevées. Les faibles taux d’épargne sont également critiqués dans notre pays. La Banque nationale de Belgique (BNB) a récemment déclaré que les banques devraient les relever pour éviter que les épargnants ne cherchent d’autres horizons.
Leçon importante pour les banques belges après la chute des institutions financières américaines : les épargnants ne supportent plus les faibles taux d’épargne

Pourquoi est-ce important ?
Wall Street a fortement baissé jeudi soir. Les inquiétudes concernant les institutions financières ont mis la pression sur les marchés boursiers. La direction que prendront les marchés aujourd'hui dépendra en grande partie du rapport sur l'emploi aux États-Unis.Dans l’actualité : Le S&p 500 Financials Index, qui suit l’évolution du cours des banques américaines dans l’indice S&P 500, a chuté de 4,1% hier. Les mauvaises nouvelles concernant Silvergate Capital et Silicon Valley Bank ont fait fuir les investisseurs.
- La banque Silvergate Capital (Californie), favorable aux cryptomonnaies, a annoncé hier qu’elle arrêtait toutes ses opérations financières et qu’elle commençait à rembourser ses déposants. Résultat : l’institution financière a plongé de 42%.
- La Silicon Valley Bank, quant à elle, a annoncé une augmentation de capital pour absorber les pertes importantes. Entre autres, les investisseurs en capital-risque peinent à refinancer leurs dettes en raison de la hausse des taux d’intérêt, ce qui a exercé une pression considérable sur la qualité du portefeuille de prêts de la banque. De plus, l’institution financière a revu ses prévisions pour l’année avec une baisse plus importante des revenus nets d’intérêts. Les conseillers recommandent aux clients de retirer leur argent de la banque. La Silicon Valley Bank a perdu 60% de sa valeur la nuit dernière.
- Les grandes banques américaines ont également été touchées par une vague de ventes de panique.
- JPMorgan a perdu 5,4%.
- Morgan Stanley a baissé de 3,85%.
- Citigroup a chuté de 4,1%.
- Bank of America a subi une perte de 6,2%.
Des taux d’intérêt plus élevés
Vue d’ensemble : De nombreux investisseurs ont massivement investi dans les banques au cours des derniers mois en raison des hausses des taux d’intérêt aux États-Unis. Les institutions financières ont ainsi vu leurs revenus d’intérêts augmenter. Mais les analystes avertissent aujourd’hui qu’elles doivent encore augmenter les taux d’épargne pour éviter que les épargnants ne retirent leur capital, ce qui réduirait à nouveau les marges bénéficiaires.
- Les épargnants obtiennent désormais plus d’argent sur d’autres actifs à revenu fixe, tels que les obligations d’État. Stefan Willems, de Spaarvarkens.be, a noté sur Twitter que ceux qui confient leur argent au gouvernement américain pour six mois obtiennent un taux d’intérêt (annualisé) de 5,3%. Il y a un an, ce taux n’était que de 0,75%.
- L’augmentation du coût des dépôts est une vieille nouvelle », a déclaré Chris Marinac, analyste chez le gestionnaire d’actifs Janney Montgomery Scott, à l’agence de presse Bloomberg. « Mais soudain, le marché y prête vraiment attention parce que les investisseurs ont été surpris par l’augmentation de capital de la Silicon Valley Bank.
- La Silicon Valley Bank n’est pas la seule à avoir prévenu que les revenus d’intérêts seraient inférieurs aux prévisions cette année. KeyCorp a également déclaré en début de semaine que ces revenus allaient être soumis à des pressions, les épargnants exigeant des rendements plus élevés sur leur capital. Le prêteur régional a revu à la baisse ses prévisions de croissance des revenus nets d’intérêts pour l’exercice en cours à 1 à 4%, contre 6 à 9% précédemment.
Une leçon pour les banques belges ?
Sur le plan national, les résultats des banques belges montrent que les revenus d’intérêts ont fortement augmenté l’année dernière.
- La banque française BNP Paribas a vu ses revenus d’intérêts passer de 21,2 milliards d’euros en 2021 à 23,2 milliards d’euros en 2022.
- Les revenus d’intérêts de KBC sont passés de 4,45 milliards d’euros en 2021 à 5,16 milliards d’euros en 2022.
- ING a vu ses revenus d’intérêts augmenter de 5,4% l’année dernière pour atteindre 13,84 milliards d’euros.
- Les revenus d’intérêts de Belfius ont augmenté de 7,9% en 2022 pour atteindre 1,7 milliard d’euros.
Avertissement de la BNB : Les institutions financières ont pu augmenter fortement leurs revenus d’intérêts l’année dernière en maintenant les taux d’épargne à un niveau relativement bas et en augmentant fortement le prix des crédits. Toutefois, à l’instar de leurs homologues américains, elles devront elles aussi augmenter les taux d’épargne. C’est d’ailleurs ce que la Banque nationale de Belgique (BNB) a récemment déclaré dans son rapport annuel. « Si les taux d’intérêt restent inchangés, les épargnants se détourneront des banques. Celles-ci risquent de perdre ainsi une importante source de financement ».
- Comme aux Etats-Unis, les épargnants de notre pays reçoivent une rémunération plus élevée s’ils confient leur argent à l’Etat.
- L’Agence fédérale de la dette a récemment pu récolter environ 262 millions d’euros grâce à l’émission de bons d’Etat. Les investisseurs ont pu souscrire à des titres d’Etat avec des échéances de 3 et 10 ans. En contrepartie, ils reçoivent une commission annuelle nette de 1,82 et 2,1 %, respectivement. C’est plus que ce qu’ils obtiennent sur les livrets d’épargne.
- En outre, ils reçoivent également une rémunération plus élevée s’ils placent leurs fonds pendant un an sur le compte e-DEPO, le « compte d’épargne » de l’État. Ce compte rapporte 2,03 % net. C’est plus de 18 fois plus que ce que vous obtenez sur le compte d’épargne le moins rémunérateur.
(JM)