Les grands patrons français et le milieu des affaires se disent majoritairement en faveur du président sortant Emmanuel Macron. Le programme économique de Marine Le Pen est fortement critiqué. Mais un éventuel virage à gauche, soit par un vote massif pour l’extrême gauche aux législatives, soit par un changement politique de Macron pour satisfaire la gauche, les inquiète.
Dimanche aura lieu le second tour des élections présidentielles en France. Emmanuel Macron, président sortant (La République en marche, LREM, centre-droit), est donné vainqueur dans les sondages, et l’écart se creuse entre lui et son adversaire, Marine Le Pen (Rassemblement national, RN, extrême droite). Au premier tour, les sondages avaient assez bien prédit les résultats. Et pour le second tour, le monde des affaires s’attend majoritairement à une victoire d’Emmanuel Macron, rapporte BFM Business.
Les représentants du milieu des grands patrons répondent tous de manière anonyme, ils estiment qu’afficher ouvertement un soutien à Macron serait « contre-productif pour sa victoire ». Mais personne ne croit à l’élection de la candidate d’extrême droite. Certains peuvent trouver ses propositions sur la sécurité intéressantes, mais son programme économique, « d’extrême gauche », les « rebute ».
Marine Le Pen a longtemps affiché ses ambitions de sortie de l’Europe. En campagne électorale, elle martèle peut-être moins cette idée, mais toujours est-il qu’elle n’a pas abandonné cette idée. Et cela inquiète fortement les patrons, dont les industries sont présentes sur tout le continent.
Une crainte : les législatives et un virage à gauche
Si Marine Le Pen devait finalement passer, cela ne serait pas la plus grande crainte des dirigeants non plus. Un premier réfléchit : « On ne va pas déménager… on est apolitique, on s’adaptera ». Un deuxième dit que les risques de son groupe sont diversifiés et que cela ne le fera pas changer de stratégie.
La crainte du milieu est un virage à gauche, soit par un vote massif pour le parti de Mélenchon aux législatives, soit par un changement politique d’Emmanuel Macron. En vue du second tour, il propose déjà des « dividendes salariés », pour attirer les électeurs de gauche, tout comme une « planification écologique » pour attirer les écologistes. Deux idées qui déplaisent dans le milieu des grands patrons.
Un vote massif pour la France insoumise (LFI) aux législatives, parti d’extrême gauche du candidat Mélenchon qui a créé la surprise au premier tour en finissant à 1,20 point de Marine Le Pen arrivée deuxième, est même vu comme plus inquiétant qu’une victoire de la candidate d’extrême droite au second tour de la présidentielle. Une forte présence de LFI pourrait ainsi bloquer différents projets politiques, au parlement.
En 2017, les Français avaient majoritairement voté pour le nouveau parti/mouvement LREM de Macron, alors tout justement élu président. A voir ce qu’il reste aujourd’hui de cet élan, et de ce parti. Mais le milieu des affaires se dit en tout cas prêt à faire du lobbying pour garder le président Macron « bien au centre ».