Le triomphe économique de l’Espagne : une croissance supérieure à celle de l’Europe, mais des défis à relever


Principaux renseignements

  • L’économie espagnole devrait croître de 3 pour cent en 2024, soit trois fois plus que ses homologues européens.
  • Une demande intérieure robuste et un secteur touristique florissant portent les chiffres de l’emploi à des niveaux record.
  • Malgré la croissance économique, l’Espagne reste confrontée à des taux de chômage élevés au sein de la zone euro (11,21 pour cent), ce qui représente 2,7 millions de chômeurs.

Alors que la zone euro est confrontée à une stagnation due à des problèmes industriels, l’économie espagnole devrait croître d’environ 3 pour cent en 2024, soit trois fois plus que ses homologues européens. Cette croissance est principalement due à une demande intérieure robuste, alimentée par la consommation privée et publique. C’est ce que rapporte l’agence de presse espagnole EFE.

L’Espagne bénéficie d’un secteur touristique florissant et d’un afflux de migrants, ce qui a porté les chiffres de l’emploi à des niveaux record. Les exportations de services, en particulier le tourisme, dépassent largement les niveaux d’avant la crise du COVID, contribuant au PIB en termes réels à hauteur de 39 pour cent de plus qu’en 2019.

Forces et faiblesses économiques

L’emploi atteint le chiffre record de 21,8 millions de personnes occupées et 24,6 millions dans la population active. Cependant, l’Espagne reste confrontée au taux de chômage le plus élevé de la zone euro, soit 11,21 pour cent, ce qui laisse 2,7 millions de chômeurs. L’immigration représente 90 pour cent de la croissance de la population active depuis 2021, ce qui permet aux migrants de relever des défis tels que la pénurie de logements dans les grandes villes.

Au-delà du tourisme et de l’immigration, l’Espagne bénéficie de coûts énergétiques moins élevés et d’un secteur financier plus compétitif qui a mieux résisté aux hausses des taux d’intérêt grâce à des conditions de crédit moins restrictives. En outre, la faiblesse relative de l’Espagne en matière d’investissement est en partie attribuée au fait qu’elle est un bénéficiaire important des fonds de relance européens (Next Generation), avec 75,5 milliards d’euros alloués et 58,5 pour cent déjà déboursés.

Défis et déconnexions

Malgré ces progrès économiques, la perception du public reste à la traîne. Alors que « The Economist » classe l’Espagne comme ayant la meilleure performance parmi les pays de l’OCDE en termes de PIB, d’inflation, de rendements boursiers, de chômage et d’équilibre budgétaire, une enquête de Funcas Christmas révèle que seulement 50 pour cent des Espagnols considèrent l’année comme « régulière » et 30 pour cent comme « mauvaise ». Les experts attribuent ce décalage à des facteurs tels que les bas salaires et les problèmes d’accessibilité au logement.

Le salaire minimum a augmenté de 54 pour cent depuis 2018, atteignant 15 876 € bruts annuels en 2024, ce qui correspond à la fourchette de salaire la plus courante. Cependant, le PIB par habitant de l’Espagne, qui représente 89 pour cent de la moyenne de l’UE (sur la base de la parité de pouvoir d’achat), stagne après trois décennies et est entravé par un taux de chômage élevé et une faible productivité, comme l’a souligné à plusieurs reprises la Banque d’Espagne.

Instabilité politique et paysage fiscal

Pendant ce temps, l’instabilité politique entrave les efforts du gouvernement pour finaliser le budget 2025. L’absence de soutien parlementaire a bloqué les objectifs en matière de déficit et de dette, obligeant à prolonger le budget 2023. Pour faire face à ce paysage fiscal, le gouvernement a introduit un paquet fiscal comprenant un nouveau prélèvement bancaire, une augmentation de l’impôt sur le revenu pour les hauts revenus et les produits du tabac, ainsi qu’une réduction des taxes pour les petites entreprises.

Ce paquet s’est heurté à l’opposition des partenaires de la coalition, ce qui a finalement nécessité un compromis de dernière minute et l’extension des taxes existantes sur l’énergie pour permettre de nouvelles négociations. Un décret sera publié pour étendre la taxe sur l’énergie, bien que le soutien nécessaire à son approbation par le Parlement fasse défaut. De même, une augmentation de la taxe sur le diesel, alignée sur les taux de l’essence, sera mise en œuvre par décret afin de respecter un engagement de l’UE pour recevoir la cinquième tranche des fonds européens.

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