Le transport maritime international est l’un des plus gros problèmes pour le climat. Pourtant, il y a des raisons d’être optimiste

Le transport maritime international est un élément crucial de l’économie mondiale : 90 % du commerce mondial est transporté par voie maritime. Presque tous les navires utilisent des combustibles fossiles, ce qui fait de ce secteur un important émetteur de gaz à effet de serre. Les progrès en matière de réduction des émissions dues au transport maritime sont lents. Les objectifs fixés sont loin d’être suffisants. Pourtant, il y a des raisons d’être optimiste.

Pourquoi est-ce important ?

Selon une nouvelle étude, le transport maritime doit réduire ses émissions d'un tiers au cours de cette décennie et tendre vers l'absence d'émissions d'ici 2050. La bonne nouvelle : les technologies existent pour atteindre ces objectifs. Maintenant, nous avons besoin de volonté.

Le transport maritime émet environ autant par an que l’ensemble de l’Allemagne. Et il ne va pas vraiment dans la bonne direction : en fait, les émissions ne sont pas plus faibles aujourd’hui qu’il y a dix ans. Le problème sera passé au crible lors de la COP26, le sommet des Nations unies sur le climat qui se tiendra à Glasgow. L’Organisation maritime internationale (OMI) – l’organisme des Nations unies chargé de mettre en œuvre la stratégie de la navigation internationale pour lutter contre le changement climatique – s’est fixé pour objectif de réduire les émissions de 50 % d’ici à 2050.

Mais ces engagements de l’OMI ne sont pas compatibles avec l’objectif de l’Accord de Paris de limiter le réchauffement de la planète à 1,5°C. Ils sont plus cohérents avec un réchauffement supérieur à 3°C.

Une action radicale est désormais inévitable

Si cela n’est pas assez ambitieux, qu’est-ce qui l’est ? Le transport maritime international devra bien sûr subir un changement radical. Selon une nouvelle étude, elle doit réduire ses émissions d’un tiers au cours de cette décennie et se rapprocher de l’objectif de zéro émission d’ici 2050.

Par rapport à l’objectif actuel de l’OMI, cela augmenterait considérablement la vitesse à laquelle le secteur doit réduire ses émissions d’ici les années 2030 : jusqu’à 15 % par an. Pour replacer les choses dans leur contexte, les multiples confinements dans le monde pendant la pandémie n’ont permis de réduire les émissions du transport maritime que d’environ 7 % en 2020.

Plus il faut agir à court terme, plus le problème est important pour le transport maritime. Après tout, les navires sont utilisés pendant un peu plus 25 ans en moyenne. Et les investissements nécessaires dans de nouveaux navires et infrastructures pour les carburants sans carbone sont énormes. Il serait donc très imprudent de se fier à des voies de décarbonisation qui durent moins de 25 ans.

Une raison d’être optimiste ?

L’OMI doit donc fixer de nouveaux objectifs et de nouvelles politiques le plus rapidement possible, en prévoyant des réductions importantes des émissions au cours de la présente décennie. Le secteur devra réduire ses émissions d’environ 34 % d’ici à 2030 pour être en mesure de parvenir à des émissions nulles d’ici à 2050.

Tout cela est décourageant, mais il y a des raisons d’être optimiste. Les technologies existent pour atteindre les objectifs. Nous pouvons améliorer le fonctionnement et l’efficacité de la navigation, par exemple en réduisant les vitesses de navigation pour économiser du carburant, en utilisant des voiles en mer et en connectant les navires aux réseaux électriques dans les ports. Le déploiement rapide de carburants à émissions nulles tels que l’hydrogène et l’ammoniac sur les navires neufs et existants d’ici à 2030 constitue un autre volet important de la stratégie.

La pression politique pour prendre des mesures plus ambitieuses augmente également. Les propriétaires de cargos s’intéressent de plus en plus aux chaînes d’approvisionnement à faible émission de carbone. Amazon et Ikea, par exemple, ont annoncé qu’ils n’utiliseraient que des navires sans émissions d’ici 2040. Un groupe de 190 associations industrielles a signé un appel à l’action avant la COP26, exhortant les gouvernements à fixer un objectif de zéro émission pour 2050. Les Îles Marshall proposent une taxe sur la pollution de 100 dollars par tonne pour rendre les carburants plus propres compétitifs par rapport au diesel non taxé et pour financer la décarbonisation du transport maritime dans les pays en développement. Enfin, quatorze pays, dont les États-Unis et le Royaume-Uni, ont récemment signé une déclaration dans laquelle ils s’engagent à collaborer avec l’OMI pour que le transport maritime international soit exempt d’émissions d’ici 2050, avec des « réductions significatives » dans les années 2020.

Plus