Le téléchargement illégal est une véritable plaie pour les ayants droit. Depuis des années, ils tentent de contrer cette pratique, avec l’aide des autorités, mais sans réel succès. Pourtant, un changement dans les habitudes de consommation des Européens semble aller dans leur sens, sans que cela soit dû à leurs efforts pour anéantir les sites de streaming et de téléchargement illégal. Comment expliquer cela?
L’Office de l’Union européenne pour la propriété intellectuelle (EUIPO) vient de publier un nouveau rapport sur les habitudes de consommation des Européens en matière de contenus téléchargés illégalement et le constat est clair ; le téléchargement illégal n’a plus autant la cote qu’avant. En trois ans, la consommation de films, séries, mais aussi musiques et émissions de télévision obtenus illégalement via une plateforme de streaming ou de téléchargement a été divisée par deux (-50,4%).
Une tendance constante
En 2017, les internautes européens téléchargeaient illégalement 11,7 fois par mois, en moyenne. Trois ans plus tard, ce chiffre est passé à 5,3 fois par mois, en moyenne. Une baisse de consommation constante puisqu’en 2018, elle a diminué de 20%, de 6% en 2019 et de 34% en 2020.
Contrairement à ce que l’on aurait pu croire, les différents confinements n’ont pas poussé les Européens à télécharger davantage illégalement.
« Notre rapport sur le piratage numérique montre que, même s’il reste beaucoup à faire pour résoudre les problèmes de piratage et copyright, en particulier dans un monde où le marché numérique est de plus en plus important, nous semblons être sur la bonne voie », explique Christian Archambeau, directeur exécutif de l’EUIPO.
Une offre légale qui répond aux attentes
Cette perte d’intérêt pour le piratage s’explique en grande partie par l’apparition de nouvelles offres légales, mais aussi d’une amélioration de ces services. Au cours de ces dernières années, les services des streaming vidéo tels que Netflix, Disney+ ou Apple TV+, mais aussi musical (Spotify, Deezer ou Tidal) n’ont cessé de prendre de l’ampleur, mais aussi de la place dans les habitudes des consommateurs.
En 2020, le type de contenu qui a le plus été piraté ne concernait pas le cinéma ni la musique, mais bien les évènements sportifs, dont la Ligue des Champions. Les chiffres de l’EUIPO sont en effet clairs ; sur les 5,3 fois où un Européen s’est adonné au piratage, 4,1 fois concernaient des programmes télévisés.
La multiplication des offres légales est donc une bonne chose pour les ayants droit puisque leurs créations sont moins téléchargées illégalement, du moins en Europe, mais la tendance pourrait tout de même s’inverser. Avec autant de plateformes de streaming, le budget dédié au divertissement ne cesse de s’alourdir. Cela pourrait d’ailleurs pousser certains consommateurs à se tourner à nouveau vers le téléchargement illégal pour épargner de l’argent et profiter des exclusivités de telle ou telle plateforme. Cependant, pour l’instant, les chiffres semblent prometteurs.