Jim Chanos, l’un des ‘short sellers’ les plus réputés au monde depuis trois décennies, est l’une des rares personnes à s’être amusée lors du spectaculaire crash du géant allemand de la fintech, Wirecard. Chanos n’en était pas à son coup d’essai: à l’époque, il avait déjà prédit la chute du géant américain de l’énergie, Enron.
Jim Chanos s’est constitué une position courte dans Wirecard grâce à divers fonds de sa société Kynikos Associates. ‘Si vous êtes un vendeur à découvert, l’histoire de Wirecard est un classique’, explique-t-il dans une interview au Financial Times. ‘Toutes les expressions à la mode, les chiffres qui n’avaient pas de sens, le modèle économique qui ne paraissait pas très bon’.
L’année dernière, Chanos a shorté pour la première fois un petit paquet d’actions Wirecard. Par la suite, lorsque le FT a commencé à signaler des irrégularités comptables dans certaines grandes filiales asiatiques, il a systématiquement renforcé cette position.
Grâce aux ventes à découvert, les investisseurs peuvent faire des bénéfices en cas de baisse des prix d’une action. Le shorteur vend des titres qu’il a empruntés et espère ensuite que leurs prix baissent. Si c’est le cas, il peut acheter des titres à un prix inférieur et les rendre à la personne à qui il les a empruntés. Les vendeurs à découvert partent donc du principe que les actions qu’ils vendent vont baisser.
Protection contre les créanciers
Le mois dernier, Wirecard a été contrainte de demander la protection contre les créanciers. Les ennuis de la fintech allemande ont véritablement commencé lorsqu’il est devenu clair que 1,9 milliard d’euros figurant dans les livres de comptes n’existait tout simplement pas… Le dirigeant Markus Braun a été arrêté une deuxième fois la semaine dernière. Les enquêteurs accusent Braun d’avoir été au courant dès 2015 que les chiffres étaient faux et d’avoir utilisé cette information privilégiée pour encaisser des actions de sa société.
‘Lorsqu’on nous demande qui est l’auditeur des entreprises sur lesquelles nous shortons, je réponds toujours: ‘Who cares?’. Pratiquement tous les dossiers de fraude importants se sont déroulés sous les yeux d’un des principaux cabinets d’audit’, explique Jim Chanos.
‘Une culture de la tromperie chez Tesla’
Le bénéfice réalisé avec Wirecard tombe à un bon moment pour la société de Jim Chanos. Celle-ci souffre actuellement beaucoup de sa position courte sur Tesla. Alors que Kynikos spéculait sur une baisse du cours de l’action, le titre Tesla s’est envolé vers les sommets. Cependant, Jim Chanos ne se laisse pas distraire.
‘Je décris Tesla comme une culture de la tromperie’, explique-t-il encore au FT. Il ne va pas jusqu’à comparer Tesla à Wirecard, mais Jim Chanos ‘pense que Tesla embellit ses chiffres avec une comptabilité agressive et d’autres moyens’.
Tesla a récemment annoncé un quatrième trimestre de bénéfices consécutif, mais selon Chanos, c’est un écran de fumée. ‘Si l’on soustrait les revenus issus de la vente de certificats d’émissions aux autres constructeurs automobiles, Tesla n’a jamais réalisé de bénéfices.’