Le Royaume-Uni n’aurait aucune chance de devenir un jour technologiquement souverain, a déclaré Hermann Hauser, cofondateur d’Arm Holdings plc, une multinationale britannique spécialisée dans les semi-conducteurs et les logiciels, lors d’une conférence à Londres.
Le vétéran de la technologie aurait déclaré que le Royaume-Uni n’a « aucune chance » d’être indépendant sur le marché de la technologie, selon les rapports de Bloomberg. Le pays aurait du mal à garder ses entreprises technologiques entre les mains d’investisseurs locaux. Arm, la société fondée en 1978 par Hauser et son collègue Chris Curry, est elle-même en cours de préparation pour une introduction en bourse aux États-Unis par le propriétaire japonais Softbank Group Corp.
D’autres entreprises britanniques sont également de plus en plus contrôlées par des investisseurs étrangers. La société française Schneider Electric SE, par exemple, a annoncé en septembre qu’elle allait racheter toutes les actions d’Aveva Group plc, qui est, au moment de la rédaction du présent rapport, l’une des plus grandes entreprises technologiques du Royaume-Uni. Au total, elle y consacrera environ 9,5 milliards de livres sterling, ce qui correspond à environ 10,6 milliards d’euros.
Le fabricant gallois de puces Newport Wafer Fab a également été vendu l’année dernière à Nexperia, une société néerlandaise qui est elle-même une filiale du chinois Wingtech Technology. Toutefois, le gouvernement britannique tente aujourd’hui d’y mettre un terme : il serait en train d’examiner si l’acquisition de Newport peut encore être arrêtée.
« Aussi grave qu’une occupation militaire »
M. Hauser aurait déclaré qu’il est vital pour le Royaume-Uni de ne pas devenir technologiquement dépendant d’autres pays tels que les États-Unis et la Chine. Ce faisant, il a spécifiquement fait référence à l’ancien président américain Donald Trump, qui aurait pris en otage le Royaume-Uni et d’autres pays en utilisant comme « arme » un logiciel de développement de semi-conducteurs. Les pays qui voulaient avoir accès à cette technologie devaient danser au rythme de Trump, estime Hauser.
« Ces dépendances sont aussi sérieuses aujourd’hui que l’étaient les occupations militaires », aurait-il encore dit. Hauser aurait appelé le Royaume-Uni à trouver des moyens de devenir plus indépendant. La situation économique désastreuse du pays ne l’aiderait pas non plus, pas plus que la façon dont le gouvernement la gère. Hauser a qualifié Kwasi Kwarteng, le tout nouveau ministre des finances britannique, de « chancelier financièrement sous-éduqué, qui s’appuie davantage sur l’idéologie néolibérale que sur une prise de décision rationnelle, ce qui n’aide pas ».
(JM)