Web Analytics

Le roi dollar bat en brèche le yuan et le rouble

Le roi dollar bat en brèche le yuan et le rouble
Getty Images

La force du dollar met sous pression la Chine et la Russie, dont les performances économiques sont jugées décevantes. Les banques centrales des deux pays tentent tant bien que mal de contrer cette tendance, alors qu’elles luttent contre deux phénomènes opposés : la déflation pour la Chine et l’inflation pour la Russie.

Le rouble

  • Lundi et mardi, le rouble s’échangeait à plus de 100 dollars, au plus haut depuis le début de la guerre en Ukraine.
  • À l’époque, la Banque centrale russe avait répondu en faisant augmenter ses taux d’intérêt à 20%. La position du rouble s’était alors considérablement améliorée, permettant à la Banque centrale de rebaisser ses taux à 7,5%. Mais en juillet de l’année dernière, l’inflation galopante l’obligeait déjà à relever ses taux à 8,5%.
  • Face à la nouvelle chute de sa monnaie, la Banque centrale a de nouveau décidé d’augmenter ses taux de 3,5%, les portant à 12%.
  • Une décision qui n’a visiblement pas plu au Kremlin, qui se bat contre l’inflation tout en devant maintenir la croissance.
  • Les troubles du rouble s’expliquent par « la dégradation de la balance commerciale suite aux sanctions avec une chute des exportations de gaz et une augmentation des dépenses militaires », explique Bernard Keppenne, économiste en chef de la CBC. C’est aussi le constat de la Banque centrale.
  • Le Kremlin préfère désigner la politique de la Banque de Russie comme responsable de la situation : un bouc émissaire facile.
  • Finalement, le gouvernement de Poutine pourrait réintroduire le contrôle des capitaux pour empêcher qu’un cercle vicieux ne se forme autour du rouble : un affaiblissement du rouble rend en effet les importations plus chères, ce qui n’est pas une bonne nouvelle pour la balance commerciale et donc pour le rouble.

Le yuan

  • La Chine est dans une tout autre situation : elle doit lutter contre la déflation. Ses résultats économiques sont très décevants, ce qui pousse le yuan à la baisse.
  • Mais pour tenter de rebooster son économie, la Banque de Chine a décidé de baisser le taux des prêts à un an de 2.65% à 2.50%. Le problème est que cette politique qui vise à stimuler la consommation, en plein contexte de crise immobilière, ne renforce pas le yuan, au contraire.
  • « Le différentiel de taux entre le Treasury à 10 ans et l’obligation chinoise sur la même période s’est élargi et se situe à son niveau le plus élevé depuis février 2007. Et qui dit élargissement du spread, dit évidemment pression sur la devise », explique Bernard Kepenne.
  • La situation économique semble échapper à la Chine. Sa capacité à relancer l’économie, comme elle en a l’intention, suscite des interrogations, tandis que le gouvernement préfère ne plus publier le chiffre du chômage des jeunes, car trop mauvais. Le chômage des jeunes a atteint le taux record de 21,3% en juin dernier.
  • La réponse à la baisse du yuan est venue des banques d’Etat chinoises, qui ont décidé de vendre des dollars pour acheter des yuans à Londres et à New-York, écrit le Financial Times ce jeudi. Une méthode qui a porté ses fruits par le passé, « pour ralentir le rythme de la dépréciation du yuan », a déclaré un négociant basé à Shanghai.

Le dollar

  • De l’autre côté de la tenaille, il y a le dollar, qui reste très fort. Les résultats économiques des États-Unis sont toujours solides, et la fin de la hausse des taux d’intérêt n’est toujours pas en vue.
  • Le compte-rendu de la Fed l’a encore démontré hier : il reste une incertitude sur le ralentissement de l’inflation, et une ou plusieurs hausses des taux pourraient encore suivre, ce qui a bien sûr alimenté le dollar à la hausse.
Plus d'articles Premium
Plus