Le retour en force de la philanthropie : avons-nous besoin des milliardaires ?

Amazon, Berkshire Hathaway et JPMorgan ont annoncé mardi qu’elles s’étaient associées pour former une nouvelle entreprise dont l’objectif sera d’améliorer la couverture santé de leurs employés aux États-Unis. En cas de réussite, les services de cette nouvelle entreprise seront étendus à « potentiellement, tous les Américains », a affirmé Jamie Dimon. Nous nous tournons de plus en plus vers les milliardaires du monde pour qu’ils apportent des solutions aux lacunes de nos institutions défaillantes, observe Oliver Staley dans Quartz.

Bill Gates œuvre dans les pays en voie de développement poursoigner des maladies que l’Organisation Mondiale pour la Santé a été incapabled’éradiquer. Elon Musk veut dépasser la NASA avecSpace X, et offrir un nouveau moyen de locomotion avec son hyperloop. Bezos, le CEO d’Amazon, a sauvé le Washington Post, et desdouzaines de villes américaines lui font la cour dans l’espoir qu’il yinstallera l’un de ses QG, et feront d’elles l’un des pôles technologiquesprospère des États-Unis. Plus près de chez nous, Xavier Niel en France a ouvert Ecole42, une école ouverte à toutes les personnes entre 18 et 30 ans d’autoformationen informatique.

Les lacunes de l’Etat-Providence

Des années d’extension de l’État-Providence ont contribué àéroder sa capacité réelle à apporter de nouvelles améliorations. AuxÉtats-Unis, l’Obamacare, une mesure destinée à offrir une couverture de soinsde santé pour les plus pauvres, suscite la controverse. En Belgique, lesrésultats obtenus par le système éducatif sont discutables. Leniveau de lecture des enfants est en régression constante. Et nos Etats occidentaux éprouvent des difficultés croissantes à prendreles retraités en charge.

D’un autre côté, les plus riches font du lobbying pourobtenir ce qu’ils souhaitent, notamment au niveau fiscal. On ne pourra pas nonplus compter sur le marché libre et le capitalisme pour résoudre tous lesproblèmes de nos sociétés. Cet effort devrait être assumé par des organisationslibérées de la contrainte de réaliser des bénéfices.

La tradition philanthrope occidentale

Aux États-Unis, comme en Europe, les universités, hôpitaux,bibliothèques et muséums ont souvent été construites par des milliardairesphilanthropes tels que Rockefeller, Carnegie, and Mellon, à une époque où l’Etat-Providenceétait impensable.

Cette ère de largesses a pris fin avec l’introduction de l’impôtsur le revenu. Peu à peu, celui-ci a contribué à bâtir le filet desécurité sociale pour aider et protéger les citoyens. Mais de nos jours, cefilet de protection sociale est remis en cause par le souci de réduire lesdépenses de l’État.

Anti-démocratique

La charité a éduqué des millions de gens et soigné lesmaladies de milliards d’autres. Mais ces forces sont aussi les faiblesses de laphilanthropie, qui demeure indépendante, et non démocratique, parce qu’elle dépendlargement des priorités des donneurs. En outre, plus elle est développée, etplus les gouvernements en dépendent. 

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